Forte de quelque 40.000 étudiants, l'Université de Béjaïa est devenue une structure budgétivore Un groupe d'étudiants, estimé à une trentaine d'éléments, sème toujours la terreur au niveau des cités «U» et continue à mener la vie dure aux habitants de la ville de Béjaïa et les usagers de la route. La tension était encore vive hier à Béjaïa. Les étudiants ont procédé pour la deuxième journée consécutive à la fermeture de la Route nationale 09, exigeant la libération de quatre de leurs camarades interpellés le dimanche matin lors de l'intervention de la police pour empêcher l'obstruction du siège de la direction des oeuvres universitaires (DOU), rouvert le jeudi dernier, après plusieurs semaines de fermeture. Des échauffourées ont éclaté entre un groupe d'étudiants et les services de police ne dépassant pas les limites de la direction de la DOU. Mais l'interpellation des quatre étudiants, reconnus comme «les principaux meneurs», a provoqué la furie estudiantine, qui s'est élargie pour toucher les sièges de direction des cités «U», Pépinière, 1000 lits, 17 Octobre, Ireyahène, où résidaient les étudiants arrêtés. Un saccage en règle, oeuvre de groupes d'étudiants, a été constaté sur les lieux. Selon les témoignages oculaires de certains étudiants, le groupe de frondeurs a saccagé les buanderies et brûlé matelas et couvertures. Les étudiants frondeurs sont revenus à la charge hier matin pour réitérer leur revendication, liée à la remise en liberté de leurs camarades, restée insatisfaite. Les quatre étudiants étaient encore en détention hier. Et la réaction estudiantine aussi. Conséquence! La RN 09 est fermée de nouveau, hier matin. Les examens sont suspendus dans certains campus. Le bras de fer n'est pas prêt de s'estomper. Le mal est profond dans les cités de résidence universitaires, otage d'un «groupuscule d'étudiants», désignés comme «principal instigateur» de la situation qui y règne. Intervenant dans une conjoncture marquée par le déroulement des examens de fin d'année, les troubles en cours ne sont franchement pas appréciés par la majorité des étudiantes et étudiants. Les langues se délient pour montrer du doigt certains étudiants, accusés de vouloir saborder le cursus des milliers d'autres étudiants. «Ils ne sont pas prêts à subir les épreuves, alors ils font tout pour créer la zizanie», estime cette étudiante qui n'a de soucis que de terminer l'année en beauté évitant les rattrapages et passer les vacances sereinement. D'autres parlent d'une «rente» qui échappe à ce groupe, depuis l'installation du nouveau directeur. En mettant la pression, ce groupe d'étudiants espère amener la direction à se plier aux anciennes pratiques d'ingérence dans la gestion des cités «U», qui leur sont fort rentables. Forte de quelque 40.000 étudiants, l'université de Béjaïa est devenue une structure budgétivore. Les milliards de dinars qu'alloue chaque année le ministère de tutelle ne profitent pas vraiment à la majorité des étudiants. Des «magouilles» sont colportées ça et là. On parle même de «vieux» étudiants dont lobtention du diplôme est «leur dernier souci», tant la vie dans les cités leur profite allègrement. Hier, environ 40 étudiants et, pour être plus large 100 étudiants prennent en otage toute une ville et perturbent la scolarité de 40.000 autres étudiants. Il convient de noter que les travailleurs des cités «U», en grève depuis une semaine, ont décidé, a eux aussi, de poursuivre leur grève à l'issue de l'assemblée générale tenue hier matin en réaction à l'ordre de reprise de travail, intimée par l'instance judiciaire. La grève de 15 jours sera reconduite autant qu'il le faudra, ont annoncé les travailleurs, qui menacent également d'empêcher la prochaine rentrée scolaire si leurs revendications ne sont pas satisfaites. Ainsi va l'université de Béjaïa où, de l'avis de nombreux étudiants rencontrés hier, il ne fait pas bon d'y vivre. C'est le cas également dans la ville de Béjaïa où le phénomène des fermetures des routes a refait son apparition. Lorsqu'il est l'oeuvre d'étudiants, sensés donner l'exemple en matière de lutte pacifique, cela pousse franchement à l'interrogation. Où allons-nous