L'achat de la paix sociale à tout prix ne peut pas provoquer de solution miracle Les incidents qui ont émaillé les épreuves du baccalauréat ne sont que la conséquence des concessions faites par les autorités dans tous les domaines... pour acheter la paix sociale. Du jamais-vu! Des candidats au baccalauréat provoquent ce que l'on peut aisément appeler une...mutinerie. Le troisième jour du Bac 2013 a été émaillé par des incidents que l'on ne devrait jamais voir dans un établissement éducatif. Des «élèves» de classes littéraires qui, semble t-il, n'ont pas apprécié le sujet de philosophie (coefficient 6 pour leur branche, ndlr), sont sortis de leurs salles d'examen pour manifester leur colère. Cela s'est passé dans plusieurs centres d'examen de différentes régions du pays. Ces apprentis «émeutiers» ont cassé des chaises, des tables et des vitres, dès qu'ils ont pris connaissance des sujets de philosophie, et ce, au motif que ces sujets n'ont pas figuré dans leur programme scolaire. Chose que dément catégoriquement la tutelle. «J'affirme, pas à 100% mais à 200%, que les sujets portent sur des cours enseignés et fixés par les seuils des programmes», assure Merazi Aïssa, secrétaire général de l'Office national des examens et concours (Onec), joint par téléphone. De véritables émeutes ont donc été provoquées par des élèves prêts à tout pour avoir leur Bac. Les services de sécurité ont dû intervenir pour calmer ces adolescents en...furie. Des surveillants ont même failli être agressés. Certains ont, pour leur part, menacé de se suicider à cause de ces sujets. S'identifiant probablement à ces acteurs des révolutions du printemps arabe. Héros malheureux malgré eux. Le raccourci est loin d'être facile. Il n'en demeure pas moins que ces graves incidents ont provoqué une panique générale. Ce qui a ouvert la voie à une tricherie généralisée. Les téléphones portables ont été «dégoupillés», les anti-sèches sorties...Des vidéos postées sur Youtube montrent même des jeunes, cours à la main, en train de copier dans les toilettes de leurs centres d'examen. Bref, c'est une véritable mascarade qui a eu lieu lors de cette troisième journée de, si on peut toujours l'appeler ainsi, baccalauréat! Mais peut-on vraiment s'étonner de ce genre de dépassements? Ce ne sont que les conséquences logiques de la politique de concessions menées par le ministère de l'Education. Fixer un seuil des programmes, supprimer pratiquement tout le troisième trimestre, donner trois sujets au choix, accorder une demi-heure en plus afin d'opter pour l'un d'entre eux...Il ne restait plus qu'à fournir les réponses aux sujets. Tant qu'à faire, donner le Bac pour tout le monde serait plus simple. Ces incidents n'augurent rien de bon. Comment réagiront ces élèves après l'affichage des résultats et l'annonce de leur éventuel échec? Ne casseront-ils pas tout pour avoir une deuxième session ou le rachat? Avec le courage dont a fait preuve la tutelle avec ses concessions et le traitement de ces incidents, elle abdiquera sûrement. D'ailleurs, pour le SG de l'Onec, ce «ne sont que des incidents isolés mais normaux dû au stress des candidats»! Non, non, non, avec ce genre de dépassements, on n'est plus au stade du stress, mais de celui des caprices d'enfants un peut trop gâtés par leurs parents. Dans toute l'histoire du Bac, des dépassements pareils n'ont jamais été vus! Alors que jadis, seuls 20% des élèves «passés à la moulinette» se retrouvaient avec le précieux sésame en poche, sans crier au scandale. Une ligne a été franchie. Elle risque de nous diriger vers un Bac pour tous. Un baccalauréat au rabais. Un baccalauréat dont la valeur à l'étranger équivaut au brevet. Si ce n'est moins. En fait, ces incidents ne sont qu'un reflet. Ils n'auraient jamais eu lieu si le climat ne s'y prêtait pas. Cela montre ni plus ni moins que l'achat de la paix sociale à tout prix ne peut pas provoquer de solution miracle. L'essentiel c'est de calmer la rue, pour le reste on verra après! Ça ne marche pas! Ces incidents ne sont qu'un des aspects des épiphénomènes qui prolifèrent dans les contours de la société algérienne. Nous voilà donc avec un Bac auquel on a inoculé une forte dose de «politique». Le jour de son lancement, le ministre a affirmé qu'il en sera épargné. Mais, comme dirait un vieil adage: «On ne parle pas de la corde dans la maison d'un pendu...» A bon entendeur salut!