Dix-sept douaniers impliqués dans une association de malfaiteurs et d'abus de fonction espèrent... Le procès dit «de l'aéroport Houari-Boumediene de Dar El Beïda - Alger» a débuté par une ruade balancée devant Yahia Zitouni, Abdelhalim Bezaoucha et Benanane et le procureur général Aïchoune. Ce sera Maître Yazid Gherarmi, l'avocat de Hamadach qui introduira une question préjudiciable que le président joindra du fond des débats car il s'agissait pour le défenseur de Hamadach qui n'a fait que nier au tribunal d'El Harrach ou devant Benkharchi de la cour d'Alger... celui-là même qui a jugé le dossier. Juste après, les prévenus étaient invités à la barre un à un en vue d'être ré-entendus une énième fois sur les faits reprochés. Et ces faits étaient nombreux: cela allait de l'association de malfaiteurs à l'abus de pouvoir en passant par le faux et usage de faux, et autres «bricolages» au sein de la douane. Les vingt prévenus sont assistés de nombreux avocats dont ceux de la capitale, Maître Fayçal Benabdelmalek, Maître Nabil Ouali, Maître Benhaj Omar qui défendait cinq inculpés, Maître Leïla Beldjillali, Maître Nacéra Ouali qui défendaient un douanier originaire de Hammam Guergour (Sétif) dont il se disait fier, Maître Benhadj aux tempes grisonnantes, Maître Rafik Menasria, Maître Sid Belhakem Abtout dans un grand jour ainsi que les nombreux avocats constitués en faveur des prévenus dont trois femmes: une détenue, une en liberté provisoire et une en fuite (Hassina, une suspecte importante dans le dossier). Khelifa Otmani le plus âgé des prévenus (53 piges!), Mohamed Larbi Bahloul, Zitouni Takcit, Abdelkrim Djeboun et Ali Belabed, les cinq premiers entendus ont donné le signal d'une défense gauche que le reste des prévenus allait emprunter souvent au grand dam de leurs excellents défenseurs plutôt désarçonnés par le «paravent» exhibé à la face des juges en l'occurrence. Cette phrase qui est souvent revenue mais que Abdelkader Aïchoune articule: «J'ai signé le procès-verbal sans avoir lu le contenu!» ou encore, répliquant à la remarque de Bezaoucha le juge à propos d'audition devant le juge d'instruction «qui ne maltraite pas, lui», non, Monsieur le président, nous étions menacés de représailles car nous devions retourner en prison sous leur escorte!» Honnêtement, nous avions eu la nette impression que le scénario déployé à la cour d'Alger était similaire ce jour, car il y a des faits très graves ceux qui avaient la charge de surveiller l'intégrité et la discrétion de l'Etat via les services des douanes ont trahi. Comment expliquer la présence de cette vidéo montrant sans trucage aucun, comment ont opéré les douaniers durant une bonne période? UPS DHL, Chrono Post et Fedex ont une aura mondiale. Pourquoi les avoir éclaboussés? Cela écrit, nous n'omettrons pas de mettre à l'index les appartements, autos acquis selon l'inculpation avec l'argent des «autres», les clients, les généreux citoyens qui font justement travailler ces gens par les nombreux et fréquents envois. Plusieurs défenseurs ont plaidé le dossier vide et ont réclamé la relaxe! Le juge Bezaoucha, qui a eu un précieux «aide de camp» a tout fait pour avoir des aveux spontanés juste de quoi appliquer «L'indulgence née de la faute avouée est à moitié pardonnée!» Rien à faire. La majorité des prévenus se sont cachés derrière la maltraitance des éléments de la sécurité et mieux, plus loin: la torture. Malgré tout, les avocats pronostiquement de bonnes décisions! Bien sûr, devant l'absence des certificats médicaux prouvant les coups et autres «punitions», les avocats surtout Maître Nabil Ouali, Maître Fayçal Benabdelmalek (qui fera un boucan durant sa plaidoirie) seront obligés de s'en tenir au devoir de réserve! Et dans ce métier, qui dit réserve et son devoir, dit silence! Le juge avait saisi la portée de ce silence et se devait de faire avec. D'ailleurs, le seul plaisir qu'il a eu c'est de revoir d'anciens collègues devenus avocats ou encore d'avoir suivi les nombreuses questions des avocats d'Alger surtout pour ce qui est du rejet des déclarations des uns sur les autres, ce qui est en soi stérile comme moyen de défense surtout si ces prévenus avaient reconnu les faits dès la première comparution, sauf Srandi Faïza et Ahmed El Guendouz qui ont fortement nié les faits reprochés. Mais le dossier a fait ressortir que Faïza a fait de la contrebande avec en contrepartie la remise de sommes rondelettes. L'inculpé Abdallah Hamouda l'avait enfoncée. Son avocat protestera. Quant à Abdelkader Saïki, il a été mouillé avec Faïza dans la contrebande des colis avec la complicité de Talbi Farid qui a aussi nié. «A ce propos, la Cour suprême a jugé juste l'évolution des faits, mais la juge d'El Harrach (cour d'Alger) est passée à côté des sanctions jugées excessives», dira plus tard Maître Beljilali Leïla. Toujours à propos de la Cour suprême, le «casse et renvoi» a été motivé par l'absence du pourquoi les deux années ôtées du verdict de la première instance. Seul Amar Benkharchi sait pourquoi et il est trop tard pour le lui demander car la balle est dans le camp du trio de Abdelhalim Bezaoucha chargé d'être plus précis lors de la mise en examen arrêtée pour une date ultérieure. L'essentiel à retenir des débats, c'est que nos institutions ont droit à la protection, au respect et à l'engagement sans faille dans l'intégrité. Maître Fethi Gueritli, l'avocat des douanes l'a crié du plus profond de ses tripes: «Ces gens ont trahi la confiance que l'Etat leur a accordés. Le bras et le glaive de la justice seront là pour rappeler que la justice ne craint personne et rien!» comme c'est si bien dit, la chronique s'arrêtera, sans sentence que nous verserons sitôt prononcée, surtout que Aïchoune a réclamé 10 ans pour les vingt. Un hommage appuyé est envoyé à tous ceux qui ont résisté de 09h08 du matin à 23 heures 07 à la durée des débats et du procès dit «de l'aéroport Houari-Boumediene». Et Maître Leïla Beldjillali avait raison d'être sceptique!