Tous les postulants à la magistrature suprême sont unanimes à dénoncer les entraves et les difficultés administratives constatées dans la collecte des signatures pour recueillir les 75.000 exigées par la loi. Au point où certains d'entre eux sont obligés à leur corps défendant, de baisser les bras et de renoncer définitivement à la course. Le général Benyellès a annoncé son retrait officiel de la course. Son responsable de campagne nous soulignera toutefois que «le quota des 75.000 signatures a été dépassé». Autre candidat qui risque de jeter le tablier, Mokdad Sifi que nous avons joint par téléphone. Son bureau de campagne se réunira incessamment pour donner suite à cette décision. L'ancien chef de gouvernement ne mâche pas ses mots en dénonçant «la terrible pression qui s'abat sur les citoyens» désireux d'apporter leur paraphe aux candidats: «Les citoyens ont peur, ils sont systématiquement fichés dès qu'ils se présentent dans les communes». Toujours selon Sifi, «des bus chargés de citoyens sont déversés quotidiennement dans toutes les communes d'Algérie pour aller apposer leur signature pour un candidat particulier». Des pressions sont effectuées aussi sur des notaires et des huissiers selon les dires de notre interlocuteur qui ajoute que des industriels ont été sommés de ne pas apporter leur aide aux candidats sous peine de «s'exposer à des sanctions fiscales ». Une des fraudes opérées et la plus usitée se traduit par l'absence des P/APC et de leur vice-président, seuls habilités à légaliser les formulaires. Pour Ahmed Benbitour, la collecte des signatures est selon le chargé à l'information, «bien avancée». La fin de semaine sera, selon lui, «un délai raisonnable». Tout comme les autres intervenants, celui-ci révèle que tous les citoyens qui se présentent à la mairie sont priés de remettre leur carte nationale d'identité «à des personnes qui les gardent un bon moment avant de les restituer». Pour le RCD, une terrible campagne faite de «pressions et d'obstacles» s'abat sur l'ensemble des citoyens. Selon Lounaouci, «tous les fonctionnaires ont été saisis par leur wali leur enjoignant de ne signer que pour le candidat-président s'ils ne veulent pas perdre leur poste». Pour étayer ses propos, il nous citera le cas de la wilaya de Chlef. La formation de Said Sadi compte uniquement sur l'opération de collecte des signatures du moment qu'elle n'espère pas grand-chose du concours des élus. C'est pratiquement les mêmes problèmes que rencontre également Taleb El Ibrahimi aux dires de Mohamed Saïd qui avance que leur mouvement est confronté à «un climat d'intimidation sans précédent» et d'ajouter «n'avoir jamais connu ça depuis l'indépendance. C'est le pot de fer contre le pot de terre». Ce responsable nous indiquera que l'opération de la collecte «a dépassé les 50%». Il nous avouera sous le sceau de la confidence que le candidat Taleb Ibrahimi «est soumis à un traitement spécial» de la part des autorités, entendre par là que celui-ci est considéré comme un grand danger pour le candidat-président. Pour lui, la circulaire présidentielle n'est qu'«une manoeuvre du pouvoir» car en réalité «les choses se passent autrement sur le terrain». Motif avancé : la condition imposée aux et aux vieillards de se présenter obligatoirement à la commune pour légaliser leurs signatures. Cette mesure a été pourtant supprimée en 1999, ajoute notre interlocuteur. Ils espèrent tout de même atteindre leur objectif en fin de semaine. La formation de Djaballah est la seule à avoir réussi largement son opération de collecte des signatures. Curieusement, El-Islah n'a pas trouvé de difficultés dans cette «bataille» puisque aucun cas de nature à perturber la collecte n'a été enregistré. Un des responsables de ce parti, M.Benabdesslem a soutenu que leur objectif a été atteint et de loin: «Nous avons pu récolter, jusqu'à hier, quelque 300.000 signatures de citoyens dans toutes les wilayas et même à Tizi Ouzou où on a réussi à en avoir 1500. A cela, il faut ajouter l'apport de 1500 élus.» Ce responsable s'est même permis le luxe de dire que la campagne de collecte de signatures a servi au parti pour entrer en précampagne. Selon lui, des candidats ont fait appel à leur parti pour les aider dans la collecte, ce qu'ils ont refusé de faire, tiendra-t-il à souligner en refusant de dévoiler «par respect» le nom de ces candidats.