Décidément, les animateurs du «groupe antifraude» se retirent les uns après les autres. L'annonce de retrait de Mouloud Hamrouche, arguant le fait que les prochaines élections sont fermées, semble provoquer l'effet boule de neige. Emboîtant le pas à ses compagnons de groupe, Ahmed Benbitour a annoncé, hier lors d'une conférence de presse, son retrait officiel à la magistrature suprême. La raison invoquée par l'ancien chef du gouvernement a trait au fait qu'il ne veut nullement, lui aussi, cautionner une fraude programmée. Dans le même sillage, le général à la retraite, Rachid Benyellès, avait indiqué, mercredi dernier, vouloir «se retirer dans le but de ne pas laisser le plaisir de (l'exclure) au président du Conseil constitutionnel». Quant à Mokdad Sifi membre des dix, lui aussi, il est attendu qu'il annonce son retrait dans les prochaines heures. Cette éventualité a trait à l'incapacité de ses comités de soutien à récolter les 75.000 signatures. Est-ce à dire qu'avec ces retraits en cascade, c'est la désagrégation du groupe antifraude? Loin de là, puisque, même partagés, entre candidats et partisans du boycott de l'élection, les animateurs du groupe tentent de convertir leur initiative visant à assurer la régularité de la prochaine échéance électorale en un projet politique à l'instar de l'alliance présidentielle autour de la candidature de Abdelaziz Bouteflika initiée par le RND, le MSP et le mouvement de redressement du FLN et cela indépendamment de la position de tout un chacun. En effet, ceux qui ont opté pour le retrait, et qui ne sauront donc pas leur niveau de popularité, comptent, néanmoins, maintenir leur présence sur la scène politique en menant une «campagne antifraude». Cela dit, la première interrogation qui vient à l'esprit est de savoir si toutes ces personnalités, et loin de nous l'idée de minimiser ni de douter de leur sincérité, ont-ils réellement un ancrage populaire au niveau national pour pouvoir récolter les 75.000 signatures ou, à la rigueur, celles de 600 élus?. Certains observateurs de la scène politique nationale, émettent un doute à ce sujet, du simple fait que cette condition est difficile à satisfaire, tant l'aura de plusieurs candidats ne dépasse pas le cercle restreint de leur propre environnement. De ce fait, sa course à la magistrature suprême a toutes les chances de prendre les allures d'une bataille électorale entre trois courants bien distincts où Abdallah Djaballah représentera à lui seul la mouvance islamiste. D'ailleurs, le président du MRN compte mettre à profit les erreurs commises par le pouvoir pour remporter le scrutin ou, tout au moins, passer au second tour comme il l'a exposé dans son intervention lors de l'installation de la commission nationale préparatoire des élections du MRN. En outre, et dans l'espoir de s'imposer, Djaballah pourra compter sur un parti bien structuré au niveau national et qui peut se révéler comme une véritable machine électorale. Pour le contrecarrer, le président de la République devra s'appuyer sur l'alliance présidentielle qu'anime conjointement le RND, le MSP et les redresseurs du FLN. Et cela en plus de «la défaillance des mécanismes de régulation de la société par l'instrumentalisation de la justice, la vassalisation de l'administration et la confiscation des médias audiovisuels», comme l'a rappelé, hier, Ahmed Benbitour. Tandis que le groupe antifraude, après les retraits en cascade, où il ne devrait rester que Saïd Sadi, Ali Benflis et Ahmed Taleb Ibrahimi, semblent être pris au piège de l'absence d'une stratégie cohérente. Iront-ils en rangs dispersés ou porteront-ils leur choix sur un candidat du «consensus». Seule alternative pour contrecarrer les desseins des deux premiers pôles, à moins que Louisa Hanoune ne se décide à jouer les trouble-fêtes. Mais cela est un autre débat...