La démarche en solo de Djaballah tient à une stratégie bien établie. Le président du MRN, Abdallah Djaballah, expliquera les raisons de sa candidature à la présidentielle du 8 avril, lors de la conférence de presse qu'il animera aujourd'hui au centre internationale de presse (CIP) Abdelhamid Benzine. Depuis le début de l'effervescence de la scène politique, le président du MRN s'est distingué des autres leaders en cavalant seul, ayant apparemment comme viatique le «Chacun pour soi et Dieu pour tous». Il ne s'est pas associé à l'ex-groupe de 10+1 et n'a pas fait d'alliance avec les autres leaders qui braconnent pourtant sur le même terrain, Bouguerra Soltani du MSP et Taleb de Wafa (parti non agréé). Mais, tout porte à croire que la démarche en solo de Djaballah tient à une stratégie bien établie. En effet, le MRN s'est manifesté d'une façon spectaculaire sur le terrain institutionnel. Pour sa première participation à l'Assemblée populaire nationale, le parti a fait voter deux lois qui ont défié la chronique: un amendement introduit à la loi de finances interdisant l'importation des boissons alcoolisées et l'amendement de la loi électorale. Troisième force du pays après le FLN de Benflis et le RND, le MRN est présenté par les observateurs politiques comme étant l'ersatz du FIS-dissous. Et ce n'est pas par hasard que le chef d'état-major, le général Mohamed Lamari, a cité Djaballah dans une de ses déclarations à la presse pour appuyer le retrait de l'armée du champ politique. Loin d'être une surprise, la participation du MRN à la présidentielle découle de cette démarche entamée depuis le succès jugé retentissant du parti lors des élections communales et législatives de 2002. L'an dernier déjà Djaballah avait manifesté son désir de présider aux destinées du pays. Il a alors anticipé sur «les éventuelles dérives que pourrait subir cette consultation». La loi électorale a fait l'objet de propositions d'amendements par le groupe parlementaire du mouvement Islah. Une démarche inspirée, selon le mouvement, par les imperfections constatées lors des différentes consultations électorales organisées précédemment, mais aussi par les ambitions, somme toute logique, du MRN à présenter et à prémunir son candidat lors de cette consultation. S'exprimant à «coeur ouvert» à L'Expression l'an dernier, Djaballah avait officiellement annoncé que son parti allait présenter son candidat pour la présidentielle de 2004. Islah a agencé ses propositions, au nombre de quatre, suivant un ordre d'importance décroissant. La liste électorale, la neutralité de l'administration, le renforcement de la surveillance de l'élection et enfin le vote des éléments de l'ANP et des services de sécurité.