Trente-six personnes, dont quatre anciens Premiers ministres, se sont portées candidates au scrutin, dont la tenue à la date prévue n'est pas totalement assurée. La nouvelle mission de paix de l'ONU au Mali, la Minusma, a officiellement été mise en place hier et aura la difficile mission d'assurer la sécurité et la stabilité de ce pays en crise où doit avoir lieu une élection présidentielle à risques dans tout juste quatre semaines. Lors d'une cérémonie à Bamako marquant la mise en place de la Minusma, Bert Koenders, représentant de l'ONU au Mali, a tenu à remercier «pour le travail accompli» les 6.300 soldats de la force africaine (Misma) présents dans le pays et désormais intégrés à la mission de l'ONU. «Notre mandat est la sécurisation des grandes agglomérations du Nord, la protection des civils» et de leurs droits, mais aussi «la médiation politique», a précisé M.Koenders. Les ministres maliens de la Défense et des Affaires étrangères, Yamoussa Camara et Tiéman Hubert Coulibaly, ont assisté à cette cérémonie, ainsi qu'Hervé Ladsous, chef des opérations de maintien de la paix de l'ONU et Pierre Buyoya, représentant de l'Union africaine (UA) au Mali, ancien chef de la Misma. Après la cérémonie, le président malien par intérim, Dioncounda Traoré, a reçu les dirigeants de la Misma et de le Minusma. Il a évoqué le scrutin présidentiel à venir, reconnaissant que «ces élections ne seront pas parfaites». «Cela est impossible quand on regarde l'abîme d'où nous sortons, mais elles ne nous ramèneront pas dans la crise» pendant laquelle «nous avons payé un lourd tribut», a-t-il ajouté. Commandée par le général rwandais Jean-Bosco Kazura, la Minusma sera composée d'ici fin décembre de quelque 12.600 hommes (militaires et policiers) et devra assurer la sécurité du Mali, en particulier de sa vaste partie nord, soit les deux-tiers du pays. A la faveur d'un coup d'Etat militaire à Bamako le 22 mars 2012, cette région et ses principales villes, Gao, Tombouctou et Kidal, ont été occupées les mois suivants par des groupes jihadistes et criminels liés à Al Qaîda qui y ont commis de nombreuses exactions. Ils en ont en grande partie été chassés par l'intervention de l'armée française qui a débuté le 11 janvier et se poursuit aujourd'hui en appui au forces ouest-africaines et tchadiennes de la Misma. Toutefois, des éléments jihadistes résiduels y sont encore présents et y ont encore récemment commis des attentats suicide. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, notait lui-même début juin que s'ils avaient perdu «l'avantage tactique» et une grande partie de leur «sanctuaire» dans le nord du Mali, les groupes jihadistes y avaient toujours «la capacité de faire peser une menace importante», ainsi que «des réseaux de soutien et des structures de recrutement». La Minusma pourra encore compter pendant un temps sur les 3.200 soldats français toujours présents au Mali - au plus fort de l'intervention française ils étaient 4.500 - qui, selon Paris, vont progressivement diminuer pour n'être plus qu'un millier à la fin de l'année. Les armées africaines disposeront en effet d'un «délai de grâce» de quatre mois pour se mettre aux normes requises par l'ONU en termes d'équipements, d'armements, de formation et de discipline, selon des diplomates onusiens. Au plan politique, trente-six personnes dont quatre anciens Premiers ministres se sont portés candidats au scrutin, dont la tenue à la date prévue n'est pas totalement assurée, en dépit des assurances de la France qui a fait pression pour que l'élection ait bien lieu en juillet. Le président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) du Mali a récemment déclaré qu'il serait «extrêmement difficile d'organiser» cette élection à la date prévue tant les «défis à relever» sont encore nombreux. Dans un communiqué publié samedi à Ouagadougou, les rebelles touareg ont affirmé que «rien ne justifie un report» de la présidentielle «sous un quelconque prétexte lié à la région de Kidal».