La sanction est tombée comme un couperet. Tous les candidats soupçonnés de fraude ont été recalés et sont interdits d'examen durant cinq années. On les attendait pour le 6 ou le 7 juin. Contre toute attente, l'Office du Bac a pris à contre-pied tout le monde, en communiquant, hier matin, tous les résultats. Comme il fallait s'y attendre, les candidats au baccalauréat 2013, série lettres et philo, soupçonnés de tentative de fraude, ont été sévèrement sanctionnés. Non seulement ils ont été recalés, mais ils sont, en plus, suspendus et interdits d'examen pour une période de cinq ans. Criant à l'injustice, un groupe de parents d'élèves s'est, aussitôt, présenté à la rédaction du journal pour dénoncer ce qu'il qualifie de précédent grave qui risque d'affecter le moral de leurs enfants. «Dès que j'ai appris que ma fille avait été recalée, au motif qu'elle a tenté de tricher, j'ai failli attraper une dépression», nous a confié H Noureddine, venu plaider la cause de sa fille Sara. Ayant du mal à contenir sa colère, non pas parce que sa progéniture a échoué au Bac, mais en raison surtout de ce dont on l'accuse et qui la prive d'examen pendant cinq ans, il s'insurge contre cette mesure et contre ceux qui l'ont prise. «C'est vrai qu'il y a eu tentative de fraude, ma fille m'en avait parlé, mais pourquoi la sanctionner, dès lors qu'elle n'y a pas pris part?», s'est-il interrogé. Selon lui, des candidats qui n'avaient pas trouvé à leur goût le sujet de philosophie ont voulu crier leur colère, en obligeant, à l'aide d'armes blanches, les autres candidats à faire l'impasse sur l'examen. «On nous avait assuré que toutes les dispositions avaient été prises pour le bon déroulement de l'examen. Comment se fait-il que des candidats aient réussi à déjouer l'attention des surveillants et des agents de police postés à l'entrée de l'établissement, en introduisant dans les salles d'examen des armes blanches?», nous a-t-il lancé. R Khaoula abonde dans le même sens. Dans son témoignage, elle rapporte qu'un groupe de candidats issus d'une autre classe d'examen avaient fait irruption dans sa classe, munis de couteaux, pour tenter de rallier les élèves à leur cause. «Nous étions tous très stressés parce que nous savions que l'examen de philosophie était capital et que, par conséquent, il ne fallait pas le rater. Certains n'avaient même pas eu le temps de lire le sujet et les questions, lorsqu'un groupe de candidats venus d'une classe voisine tenta de faire irruption dans la salle nous menaçant avec des couteaux. Ce n'est que grâce à l'intervention des surveillants que nous avons pu poursuivre l'examen.» Une autre élève qui avait concouru au lycée Hassiba Ben Bouali apporte quelques précisions. A l'en croire, le sujet de philosophie n'était pas à la portée de tout le monde. Elle va jusqu'à dire que des enseignants ont tenté d'aider les candidats en leur passant le livre traitant la question. «Des candidats ont paniqué lorsqu'ils firent connaissance du sujet de philosophie à traiter. Certains avaient même commencé à crier. C'est là où j'ai vu une surveillante tendre un livre à un élève pour l'aider», nous a-t-elle déclaré. Le témoignage apporté par B. Ourida est édifiant. Selon elle, des enseignants ont refusé de signer une déclaration attestant que des candidats n'avaient pas participé à la fraude. «Deux élèves ont été recalés et interdits d'examen pendant cinq années, alors qu'ils n'ont pas participé à la fraude. Plus grave, des enseignants ont refusé de témoigner en leur faveur pour des raisons que l'on ignore.» A cause d'eux, ces deux candidats ont été injustement sanctionnés. Tout comme de nombreux autres, victimes de dommages collatéraux. Pourtant des responsables du ministère de l'Education nationale avaient promis de faire la part des choses, en distinguant les bons candidats des tricheurs. En mettant tout le monde dans le même sac, on ne rend pas justice à ceux qui ont respecté l'éthique et se sont sacrifiés durant toute une année pour récolter au bout, une sanction, une très sévère sanction qui met fin à toutes leurs illusions.