Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a réaffirmé hier sa volonté de poursuivre jusqu'à son terme le processus de paix engagé par son gouvernement dans le conflit kurde, malgré les incidents survenus vendredi dans le sud-est du pays. «Rien ne pourra nous détourner de notre chemin (...) le processus de paix va continuer», a déclaré M. Erdogan lors de sa harangue hebdomadaire devant les députés de son Parti de la justice et du développement (AKP, issu de la mouvance islamiste). «Ce problème ne date pas d'hier et nécessite beaucoup de travail et de patience», a-t-il souligné, appelant «toutes les parties à garder leur sang froid et à rester patientes». Des heurts ont opposé ce week-end la police turque à des manifestants kurdes dans le sud-est anatolien après la mort vendredi à Lice d'un jeune Kurde qui protestait avec 300 autres personnes contre la construction d'un camp de la gendarmerie. Réunis à l'appel du Parti de la paix et de la démocratie (BDP), qui défend la cause kurde, les protestataires ont exigé d'Ankara des mesures en faveur de la minorité kurde. Dans son discours, M.Erdogan a attribué ces incidents à la volonté des rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) de garder la mainmise sur le trafic de drogue pour financer leurs activités. «Il faut rechercher d'autres motifs dans ces événements. Il n'y pas là une revendication pour davantage de droits», a dit le chef du gouvernement turc, «ce qu'il y a derrière l'incident de Lice, c'est le cannabis». Selon les autorités locales, quelque 500 tonnes de cannabis ont été produites en 2012 dans le sud-est de la Turquie, un trafic entièrement contrôlé selon elles par le PKK. Le chef emprisonné du PKK Abdullah Öcalan a appelé en mars dernier ses combattants, à un cessez-le-feu, qui ont commencé en mai à se retirer du territoire turc vers leurs bases arrières irakiennes. En échange de son retrait, le PKK a exigé des réformes en faveur des Kurdes de Turquie, notamment le droit à l'éducation en langue kurde pour leur communauté de 12 à 15 millions de membres, ainsi qu'une forme d'autonomie régionale. Le conflit kurde a coûté la vie à plus de 40.000 personnes depuis 1984.