Au fur et à mesure que la date de la présidentielle se rapproche, les scissions à l'intérieur des partis deviennent plus prononcées. Plusieurs petits partis ont connu ces derniers jours des développements politiques très intéressants, et qui, tous, concourent à rallier le président-candidat Abdelaziz Bouteflika, à cinq semaines de la tenue de l'élection présidentielle, fixée au 8 avril prochain. L'Alliance nationale républicaine (ANR) a connu ses premiers tremblements il y a quelques jours lorsque le bureau de wilaya de Sétif a décidé de procéder à un retrait de confiance à son président, Rédha Malek, «assorti» d'une motion de soutien à Abdelaziz Bouteflika. Le bureau, non convaincu de sa seule démarche, a imité le conseil national de l'ANR à adopter cette politique, édictée, lit-on, «par les décisions unilatérales prises par le président de l'Alliance sans se référer aux instances dirigeantes, l'exclusion exercée contre les cadres du parti et le début des dérives constatées au niveau de la direction». La réunion du bureau a été organisée à Sétif, avec la participation de plusieurs responsables du conseil national, ce qui a donné lieu à interpréter cette réunion comme un «coup d'Etat contre Rédha Malek», qui fait de l'opposition systématique à Bouteflika depuis deux ans, après un bref compromis (1999-2000). Tétanisé par cette fissure politique, Malek répond par l'intermédiaire du bureau de Khenchela, qui lui renouvelle sa confiance en son actuel président. Mais, la ligne de fracture semble irréparable, et on serait curieux de voir comment vont évoluer les choses. Le même constat est à dresser au sujet du Parti du renouveau algérien (PRA) de Yacine Terkmane, qui, il y a moins d'un mois, lacérait la politique du président à pleines dents. Aujourd'hui, que cela a été le fait d'un clan pro-Bouteflika au sein du conseil national, ou que cela a été édicté par l'influent Noureddine Boukrouh, qui semblait avoir délaissé son parti pour s'occuper de son poste de ministre du Commerce, le fait est là: le PRA vient de rallier officiellement, et sans que cela lui fût demandé, le groupe de soutien au président de la République. Si pour le RND d'Ahmed Ouyahia et le MSP de Soltani l'«alliance présidentielle» a été consacrée, le FLN, dont les activités avaient été gelées par voie de justice, les lignes restent floues, ambiguës, et, en fait, profitent à ceux qui chevauchent entre deux politiques. Qu'on en juge : après les associations, les syndicats étudiants et l'UGTA qui ont rejoint le «cercle présidentiel», c'est au tour de plusieurs associations et organisations comptabilisées sur le compte du FLN version Benflis, de quitter celui-ci...sur la pointe des pieds. L'Organisation nationale des victimes du terrorisme et, présidée par Rabha Tounsi, et l'Association des agriculteurs de Mohamed Allioui viennent de confirmer leur ralliement au président de la République. Tounsi et Allioui ont été, jusqu'à la semaine dernière, deux atouts majeurs de Ali Benflis. La première est membre de l'APW-FLN d'Alger et le second critiquait, il n'y a pas très longtemps, le président Bouteflika. Les revirements sont d'autant plus subis que rien ne les laissait présager. Mieux, Rabha Tounsi a combattu depuis trois ans au moins l'axe principal autour duquel s'articulait le discours politique du président de la République: la concorde civile. De toute façon, tout ce patchwork politique ne peut faire oublier ce qui a été vu à Oum El-Bouaghi, et précisément à Aïn El-Beïda, où le maire local (P/APC) a lu, en direct à la télévision, une motion de soutien au président de la République, lors du passage de ce dernier dans la région, alors qu'un mois auparavant, il avait été l'un des signataires zélés pour le soutien d'une candidature unique du FLN au profit de son secrétaire général, Ali Benflis...Des ralliements similaires se font tous les jours, et connaîtront plus de visibilité dans leur lecture politique.