Les portraits des candidats avaient commencé depuis plusieurs jours déjà à fleurir sur les murs des grandes villes. La campagne pour l'élection présidentielle afghane du 20 août a commencé officiellement hier, sous le signe des violences des taliban, dont le président Hamid Karzaï n'est pas parvenu à endiguer la flambée malgré l'aide des forces internationales. Les portraits des candidats avaient commencé depuis plusieurs jours déjà à fleurir sur les murs des grandes villes mais ils couvrent depuis hier de nombreux arbres, poteaux et véhicules. Au total, 41 candidats, dont deux femmes, se présentent à la seconde élection présidentielle au suffrage universel direct de l'histoire du pays. Hier a également débuté la campagne des élections aux conseils provinciaux: 3196 candidats concourent pour 420 sièges à pourvoir dans les 34 provinces. Ashraf Ghani, ex-ministre de l'Economie considéré comme un des principaux adversaires du sortant Hamid Karzaï, a invité la population à le rencontrer dans sa maison de Kaboul. Les partisans d'un autre poids lourd, l'ancien ministre des Affaires étrangères Abdullah Abdullah, se sont rassemblés dans un hôtel de la capitale. La campagne s'achèvera officiellement le 17 août, trois jours avant le scrutin. M.Karzaï, qui avait remporté la présidentielle de 2004 avec 55,4% des voix, reste le favori malgré son mauvais bilan dans le domaine de la sécurité. Après une aggravation ces deux dernières années, la première semaine de juin a connu «le plus haut niveau d'incidents» violents depuis la chute des talibans fin 2001, selon le général David Petraeus, commandant des forces américaines en Irak et en Afghanistan. La semaine dernière, selon le ministère de l'Intérieur, les attaques ont encore augmenté de 40% par rapport à la semaine précédente. Et ce malgré la présence de près de 90.000 soldats des deux forces internationales, celle de l'Otan et celle emmenée par les Etats-Unis. Les observateurs s'attendent à une nouvelle détérioration, les opérations des forces étrangères et afghanes s'intensifiant. Pour le ministre afghan de l'Intérieur Mohammed Anif Atmar, les taliban veulent faire de cet été «le plus sanglant» de l'histoire du pays face à l'arrivée de 21.000 soldats américains d'ici au scrutin. «Des mois difficiles s'annoncent» et les violences «vont augmenter», renchérit le général Petraeus. Malgré cette situation alarmante, Hamid Karzaï a réussi à diviser l'opposition. Le Pachtoune (première ethnie du pays) s'est rallié différents leaders: celui du principal parti d'opposition, le sulfureux chef de guerre tadjik (deuxième ethnie) Mohammed Qasim Fahim, ainsi que l'Ouzbek Abdul Rashid Dostam (10% des voix à la présidentielle en 2004) et le hazara Haji Mohammed Mohaqiq (11,7% en 2004). Il a aussi poussé à l'abandon un de ses plus rudes adversaires, le populaire Gul Agha Sherzaï. Le représentant de l'ONU en Afghanistan, Kai Eide, a appelé dans un communiqué les candidats à «faire campagne avec dignité et équité». «L'intimidation, les discours provocateurs et la violence n'ont pas de place dans cette campagne électorale», a-t-il souligné. Cela «est d'une importance cruciale pour s'assurer que les élections seront crédibles», a conjuré M.Eide. Les observateurs craignent néanmoins une abstention massive motivée par la peur de violences et une désillusion croissante de la population vis-à-vis de la classe politique.