24 heures après l'assassinat de Brahmi, le gouvernement a publié une liste de 14 personnes -des extrémistes radicaux, certains appartenant à Ansar Ashari'â- impliquées dans les deux meurtres. Les autorités tunisiennes ont annoncé vendredi soir rechercher activement un islamiste radical, suspect numéro un dans l'assassinat de l'opposant Mohamed Brahmi et celui quelques mois plus tôt de Chokri Belaïd, tués selon elles avec la même arme. L'assassinat jeudi de cette figure de l'opposition de gauche, cinq mois après celle de Belaïd, a provoqué un nouveau choc dans le pays où une grève générale a été observée vendredi et des manifestations pour et contre le pouvoir islamiste du parti Ennahda ont été organisées. Vingt-quatre heures après l'assassinat de Brahmi, le gouvernement a publié une liste de 14 personnes -des extrémistes radicaux, certains appartenant à Ansar Ashari'â, principale organisation salafiste en Tunisie-, impliquées dans les deux meurtres. Quatre ont été arrêtées, huit sont en fuite, dont Boubaker Hakim, présenté comme le principal suspect, et deux sont en liberté conditionnelle, selon le ministre de l'Intérieur. Boubaker Hakim, 30 ans, est «un élément terroriste parmi les plus dangereux, objet de recherches au niveau international», a indiqué le ministre Lotfi Ben Jeddou. Natif de Paris, il était déjà recherché en Tunisie pour détention et trafic d'armes, a ajouté M. Ben Jeddou précisant qu'il avait échappé récemment à la police et que de nombreuses armes avaient été retrouvées à son domicile. Selon le ministre, «l'arme utilisée pour abattre Mohamed Brahmi est la même qui a servi à tuer Chokri Belaïd». L'autopsie a montré que l'opposant avait été atteint par 14 balles de 9 millimètres, a indiqué le bureau de Procureur de la République. Balkis, sa fille de 19 ans, a raconté vendredi les circonstances de l'assassinat de son père par deux hommes à moto devant le domicile familial près de Tunis. «Vers midi, nous avons entendu des coups de feu et les cris de douleurs de mon père, nous sommes sortis mon frère, ma mère et moi pour le trouver le corps criblé de balles au volant de sa voiture garée devant la maison», a témoigné la jeune fille. Le corps de l'opposant a été inhumé hier à Tunis au cimetière d'El Jallez au côté de Chokri Belaïd, a indiqué son épouse. Le chef de Nidaa Tounes, principal parti d'opposition, a imputé au gouvernement la responsabilité de l'assassinat, estimant que «si ce gouvernement avait dévoilé l'identité des commanditaires et des tueurs de Chokri Belaïd, nous n'en serions pas là». Le meurtre de Belaïd avait plongé le pays dans sa plus grave crise politique depuis le soulèvement de 2011. Vendredi, des centaines de personnes ont manifesté à Tunis pour réclamer la chute du gouvernement dirigé par Ennahda qu'ils désignent comme responsable de la mort de l'opposant. Dans l'après-midi, ce sont les partisans du gouvernement qui ont manifesté. Encadrés par la police et un service d'ordre, ils ont parcouru une partie de l'Avenue centrale Habib Bourguiba ouverte à la circulation. La presse tunisienne a mis l'accent sur les risques de déstabilisation après le meurtre de Mohamed Brahmi. «Etincelle d'une déstabilisation», titrait le quotidien La Presse. Pour l'analyste Sami Brahem, l'assassinat de Brahmi comme celui de Bélaïd vise à «pousser la transition démocratique vers l'échec».