L'allocution de Karim Younès n' a pas suscité de controverses malgré ses relents partisans. Les parlementaires favorables à un deuxième mandat pour Bouteflika, si prompts à réagir après toute déclaration émanant du président de la chambre basse, ont adopté un profil bas. Le président du groupe parlementaire du RND, M.Chorfi, s'est refusé à tout commentaire se contentant de dire : «Un discours ne se commente pas». Cette position est inédite. Le parti d'Ahmed Ouyahia s'est énergiquement «indigné», lors de l'intervention de M.Younès suite aux pressions judiciaires exercées sur le FLN. Et c'est Chorfi lui-même qui s'est empressé, le lendemain, d'animer une conférence de presse afin de crier «au non-respect de l'objectivité qu'impose les institutions de la République». Normal. M.Bouteflika n'était pas encore candidat à sa propre succession et le RND ne s'était pas positionné par rapport à la présidentielle. Maintenant que Bouteflika est bel et bien dans la course, appuyé pudiquement par une alliance où figure le RND, toute interprétation dans ce sens risque d'avoir l'effet boomerang. Les «redresseurs» du FLN, de leur côté, ont mis de l'eau dans leur vin en évitant sciemment de ressusciter la précédente polémique. L'autre formation politique faisant partie de l'alliance présidentielle, le MSP en l'occurrence, a affiché sa «satisfaction» quant au discours de Younès. Une satisfaction confirmée par M.Mokri, président du groupe parlementaire, en mettant en avant «le sens de la responsabilité dont a fait montre l'orateur». D'autres faits d'actualité ont été également abordés. A cet effet, le verdict du Conseil constitutionnel en était le plus saillant. Si pour le RND et les «redresseurs», le cap est mis sur «la prochaine campagne électorale indépendamment de toute autre considération», le MSP s'est félicité que le courant islamiste soit représenté aussi bien au pouvoir qu'à l'opposition. Allusion faite à l'élimination de Taleb El Ibrahimi. «On est foncièrement désolé que Taleb se retire précipitamment de la course, mais c'est une bonne chose pour le courant islamiste d'être dans l'opposition», a déclaré Mokri. Du côté d'El Islah, les députés sont beaucoup plus affairés aux préparatifs de la campagne présidentielle que de ce qui se dit à l'Assemblée populaire nationale. «Si Djaballah sort vainqueur, l'APN sera dissoute», nous a affirmé de prime abord M.Ben Abdesslam, préposé à la communication. En effet, notre interlocuteur n'a même pas «assisté» à la cérémonie d'ouverture de la session de printemps, préférant «sonder le terrain en Kabylie pour les besoins de la campagne».