Les manifestants ont investi la rue à 4 heures du matin. Après Guettar El Aïch et Aouinet El Foul, c'est au tour des habitants de la localité «Quatre chemins» située à 9 km à la sortie sud de Constantine d'investir la rue pour exprimer leur colère. Le climat glacial n'a apparemment pas empêché les comités de quartiers de cette immense cité construite à la hâte de bloquer la route afin d'attirer, affirment-ils, l'attention des autorités locales sur leurs conditions de vie «insoutenables». C'est aux environs de quatre heures du matin, alors que la température était descendue sous zéro, qu'ils ont dressé un barrage et menacé de poursuivre leur mouvement jusqu'à ce qu'ils soient entendus. Parmi les revendications émises, on notera le règlement du problème du transport et le raccordement de la cité au réseau de gaz naturel. Les jeunes de cette cité n'ont pas raté cette occasion pour dénoncer «l'image idyllique véhiculée par les médias publics» sur Constantine, alors que, selon eux, l'emploi de jeunes, tant vanté par la télévision «est encore un mythe» pour les chômeurs de «Quatre chemins». Les services de la Gendarmerie nationale ont réussi, grâce à une intervention «diplomatique» à convaincre les manifestants à lever le barrage de fortune dressé sur la voie publique. Cela n'a été possible que lorsque les habitants révoltés avaient reçu la promesse d'être entendus par les autorités locales. Cet épisode vient allonger la liste, déjà longue, des mouvements de protestation sociale et remet à jour le cycle infernal de la contestation de rue. Celle-ci a tendance à s'installer dans la durée. Les émeutes et les nombreuses tentatives de blocage des routes sont devenues les symptômes apparents d'un mal endémique qui frappe le pays depuis plus de trois ans. Il ne se passe pas un jour sans que des citoyens ne sortent dans la rue pour exprimer leur ras-le-bol. Les images de cette perpétuelle colère se succèdent à l'est du pays, notamment.