Qui dit vrai et qui dit faux dans cette affaire? Selon un communiqué de la Maison royale, le roi d'Espagne n'aurait sollicité la grâce du souverain marocain pour aucun ressortissant espagnol détenu au Maroc. Mohammed VI n'est pas sorti de l'auberge espagnole. Ce démenti confirme qu'il a bel et bien menti. Le mystère reste entier et s'épaissit malgré tout et bien malin celui qui démêlera l'écheveau. Selon la Maison royale, Mohammed VI est allé beaucoup plus loin que ce qui lui a été demandé. La vérité finira tout de même par éclater. Qui dit vrai et qui dit faux dans cette affaire. C'est communiqué contre communiqué. C'est parole royale contre parole royale. C'est à des mises au point au caractère inédit que nous convient les deux principaux protagonistes de cette affaire qui donne l'impression de virer à l'incident diplomatique et que l'on veut à tout prix éviter. En attendant, chacun défend sa chapelle comme il peut. «Le roi d'Espagne n'a pas demandé au Maroc la grâce d'un pédophile emprisonné ni d'aucun autre prisonnier, mais s'est seulement intéressé à la situation de ces détenus et a demandé que l'un d'eux (trafiquant de drogue, Ndlr), malade, puisse purger sa peine en Espagne», souligne un communiqué de la Maison royale rendu public lundi. «Le monarque espagnol, à la demande des associations de familles de prisonniers «s'est intéressé à la situation des prisonniers espagnols au Maroc''», lors de ses discussions, en juillet, avec le roi Mohammed VI,» précise le texte. Lors d'une rencontre avec le Premier ministre marocain, Abdelilah Benkiran, le roi Juan Carlos «lui a demandé formellement que l'un d'eux, un camionneur atteint de diabète et d'une maladie du coeur, puisse rentrer en Espagne pour y purger sa peine», précise la Maison royale qui indique que Mohammed VI «a été plus loin» que l'intérêt exprimé par le souverain espagnol. Le souverain marocain qui jure par tous les saints qu'il «n'a jamais été informé, de quelque manière que ce soit et à aucun moment, de la gravité des crimes abjects pour lesquels l'intéressé a été condamné. Il est évident que jamais le souverain n'aurait consenti à ce que Daniel Galvan Viña puisse arrêter de purger sa peine, au regard de l'atrocité des crimes monstrueux dont il a été reconnu coupable», a diligenté une enquête et vient de révoquer le patron de l'administration pénitentiaire. Un lampiste certainement. Soulignons que Juan Carlos qui avait tenu à remercier «profondément» le roi du Maroc pour la grâce accordée à 48 détenus espagnols à l'occasion de la célébration du 14e anniversaire de son accession au trône- un geste qui constitue «une démonstration singulière de l'amitié unissant les deux peuples», avait indiqué un communiqué de la Maison royale espagnole- s'était abstenu de tout commentaire quant aux conséquences qu'a eu la libération de l'un d'entre eux condamné à 30 années de réclusion pour avoir violé 11 enfants marocains. Des manifestations violemment réprimées par les services de sécurité ont éclaté à travers tout le territoire marocain alors que les appels sur les réseaux sociaux pour maintenir la pression se multiplient. Les deux souverains ont, en tout cas, les pieds dans la mélasse. La faute à qui? La suite dans le prochain épisode.