Le candidat islamiste relève, notamment, l'absence de l'adresse de l'électeur sur les listes remises aux candidats. Le MRN, par le biais de Benabdessallam, ne semble guère convaincu par les explications fournies par le département de Zerhouni concernant les listes électorales. Ainsi, Benabdessallam, joint hier par téléphone, indique que Zerhouni «tente de brandir le motif de l'inviolabilité de la vie privée du citoyen pour justifier un préjudice plus grave à savoir la fraude». A ce titre, il est à rappeler que le candidat Djaballah a adressé, avant-hier, une lettre de recours à Bouchaïr pour prendre en charge certaines anomalies constatées sur les listes électorales. Le candidat islamiste relève, notamment, l'absence de l'adresse de l'électeur sur les listes remises aux candidats. D'autre part, il a été constaté, selon Djaballah, l'exagération dans le nombre d'électeurs établi sur ces mêmes listes. En guise de réponse, le ministère de l'Intérieur a précisé, quant au premier point, que le manque d'adresse sur la liste électorale répondait aux dispositions de la Constitution garantissant le respect de la vie privée des personnes. Sur ce point précis, Benabdessallam souligne que «Zerhouni a déjà soulevé cette question lors des débats qui ont eu lieu à l'APN sur la nouvelle loi électorale. Les élus ont alors donné leurs arguments sur la nécessité de mettre la liste électorale à la disposition du candidat». Ainsi, notre interlocuteur n'arrive pas à comprendre pourquoi Zerhouni revient sur cet aspect d'autant plus que la loi électorale est adoptée par les deux chambres et validée par le Conseil constitutionnel. S'agissant du nombre d'électeurs inscrits sur les listes, le MRN parle «d'une manoeuvre administrative laissant prévoir une volonté de fraude». Pour illustrer ces dires, le MRN cite l'exemple de la commune de Constantine dont la liste électorale globale comprend 454.969 inscrits alors que le chiffre réel est de 309 295, soit une différence de 150.000 électeurs. Plus grave encore, d'après notre interlocuteur, la tendance au gonflement des chiffres semble se généraliser à travers les 48 wilayas du pays. Ainsi, Benabdessallam lance le cas d'Alger où le chiffre avancé par l'administration dépasse de 30.000 le chiffre réel des électeurs. Dans cette optique, le cadre du MRN prévoit un nombre d'électeurs fictif qui dépasse de 2 millions de voix sur le territoire national. D'après lui, le corps électoral ne peut dépasser les 15 millions alors que Zerhouni annonce plus de 17.000.000. Certaines personnalités politiques, citant l'Office national des statistiques, parlent de 20 millions de citoyens en âge de voter. Cette guerre des chiffres à la veille de la campagne électorale suscite de vives inquiétudes quant à la neutralité de l'administration. Pour mettre un terme à cette polémique, les candidats à la présidentielle et l'opinion publique doivent connaître le chiffre réel du corps électoral.