Ce journal revient sur les ambitions déçues de ce recalé de l'ANP. Le magazine Jeune Afrique L'Intelligent, dans sa dernière livraison, revient en détail sur les circonstances qui ont accompagné la fin du redoutable Abderrezak El Para, qui était activement recherché par les services algériens et allemands alors que son organisation, le Gspc, était placée en tête de liste de la nébuleuse terroriste combattue par les Américains de par le monde. Le journal nous apprend ainsi que le numéro deux du Gspc «s'est tué dans les montagnes du Tibesti, au Tchad». Mais, les circonstances sont loin de répondre à ce qui avait été rapporté dans les journaux lors de la grande offensive menée au mois de mars passé contre un convoi terroriste lourdement armé, mené par El Para. C'est après avoir échappé miraculeusement à l'opération de Kidal, en compagnie de quatre de ses acolytes, alors qu'il tentait de prendre contact avec la rebellion tchadienne conduite par Youssouf Togoïmi, qu'El Para a trébuché sur une pierre sur un sentier des montagnes du Tibesti. Le journal, qui donne ainsi l'air d'être très bien informé, souligne qu'«Amara Saïfi, alias Abderrezak El Para, alias Abou Haïdara, ou encore El Ourassi, est mort le 15 mars passé dans le Tibesti, au Tchad, pas très loin de Faya-Largeau. Son corps a été retrouvé au fond d'un ravin.» Il aurait été, croit-on savoir, formellement identifié par des représentants des services de sécurité algériens spécialement dépêchés sur les lieux. Le «mythe» El Para avait commencé avec la fameuse histoire des touristes européens enlevés dans le Sud algérien dans le but manifeste de renflouer ses caisses. Alors qu'il se trouve être un des principaux artisans du rapprochement entre Al-Qaîda et le Gspc par l'entremise de l'émissaire personnel de Ben Laden, abattu par les services secrets algériens en 2002. En mai 2001, en effet, le Yéménite Imad Alwan, alias Abou Mohamed, débarquait en Algérie au terme d'un long périple qui l'a successivement conduit à Mogadiscio, Addis-Abeba, Khartoum et Niamey afin de créer une zone opérationnelle dans les régions septentrionales du Mali et du Niger. El Para, qui fait partie de dissension élevée contre le GIA, a pris le contrôle de la zone V des maquis du Gspc, s'étendant sur les redoutables monts des Aurès. Doté d'un armement important et de troupes assez bien entraînées, déployées depuis 1998, El Para se trouve derrière l'embuscade sanglante de février 2001 qui avait coûté la vie à plus d'une quarantaine de parachutistes aux environs de Batna. Mais le début de la fin a commencé avec l'enlèvement irréfléchi des touristes européens, par Mokhtar Benmokhtar, forçant El Para à quitter, avec armes et bagages, les monts protecteurs des Aurès pour lui venir en aide. Riche à millions à la suite de cette opération, El Para recrute des combattants, achète des armes destinées aux maquis algériens et tente d'entrer en contact avec les activistes mauritaniens, nigériens, nigérians et tchadiens. Mais cette tentative d'alimenter le Gspc en armes et en matériels de transmission tourne au fiasco. En février dernier, l'armée algérienne intercepte un important convoi dans l'Adrar Ifora, près de la frontière malienne. Le 9 mars dernier, le groupe de rebelles qu'il dirigeait avait été repéré au nord du lac Tchad par une escadrille des forces armées tchadiennes. À l'issue de violents combats, soutenus par un véritable pont aérien algérien qui entretient une collaboration sécuritaire sans faille avec le Tchad, quarante-neuf de ses membres avaient été tués. Cinq autres avaient été faits prisonniers et transférés à N'djamena pour interrogatoire. El Para et quatre de ses compagnons étaient parvenus à sortir du guêpier, puis, sous la conduite d'un guide tchadien, membre du Mouvement pour la démocratie et la justice au Tchad (Mdjt), à gagner le Tibesti, au nord, où ils avaient pris langue avec les dirigeants du Mdjt. Le chef islamiste a finalement trouvé la mort après une chute accidentelle, qui est loin de répondre à son parcours, ni à ses profondes aspirations. C'est son guide qui, après sa reddition aux services de sécurité tchadiens, a raconté la triste fin de celui qui rêvait d'être «l'émir du Sahel».