C'est le dialogue de sourds «Nous, on travaille et les responsables volent et partagent les bénéfices au détriment des employés d'Algérie Poste.» La direction générale d'Algérie Poste et les représentants du syndicat de l'Ugta ont fait paraître un communiqué après six grèves. De leur côté, les représentants du syndicat autonome Snap qui attend son agrément depuis juillet 2012 répliquent ainsi: «C'est du chantage qu'ils font à l'encontre des travailleurs d'Algérie Poste», ont-ils clamé hier devant le siège de la Grande-Poste à Alger. Se contentant de répondre à trois points sur la totalité des revendications des travailleurs en grève qui ne décollèrent pas, le communiqué que nous avons récupéré après plusieurs interventions des cadres du ministère Ptic, indique le versement de la deuxième tranche de 30.000 DA avant le 25 août aux travailleurs qui y ouvrent droit. Le deuxième point consiste en la remise des décisions individuelles portant sur le montant qui revient à chacun avant le 30 septembre prochain, ainsi que des assurances relatives à l'application de la nouvelle grille des salaires avec effet au premier juillet 2013, qui évoque le nouveau salaire générant une augmentation qui sera versée sur la paie du mois d'octobre 2013, cela d'une part. D'autre part, les travailleurs en grève, soutenus par le syndicat autonome Snap, ne reconnaissent pas la composante des délégués qui ont trahi la cause des travailleurs depuis la première grève du mois de janvier 2013. «Nous ne prenons acte de leurs promesses et engagements que sur le terrain. Une fois que la fiche de paie montrera la nouvelle situation des salaires, nous reprendrons le travail», ont-ils indiqué, tout en lançant des slogans qui interpellent les consciences. «Nous, on travaille, eux ils volent et bénéficient des privilèges au détriment des employés d'Algérie Poste», disent-ils dans la foulée. «Les directeurs centraux qui ont assuré le service minimum, n'ont pas d'autre choix que de céder aux ordres. Ceux-là qui assurent le service minimum, ne sont que des intérimaires. Ils ne sont pas titulaires dans les postes. Ils cèdent à la pression rien que pour casser le mouvement des travailleurs et sauvegarder leurs postes aux dépens des revendications légitimes des travailleurs», a révélé Mohamed, D, un des directeurs centraux qui refuse de s'aligner avec les intérimaires. «Mon statut de responsable confirmé m'interdit d'occuper le poste d'un employé», dit-il dans un état d'esprit révolté contre le renversement de l'échelle des valeurs et de la notion du travail. La moindre des choses, le directeur général et ses subordonnés auraient pu dialoguer avec les grévistes afin d'atténuer la pression de la rue. Malheureusement «on gère des situations de crise par téléphone, comme si l'entreprise elle-même n'est pas affectée par la dégradation de sa situation», déplorent de nombreux travailleurs tout en regrettant les désagréments causés, aussi bien aux usagers, qu'aux énormes pertes enregistrées chaque jour par Algérie Poste et qui se chiffrent en milliards de DA. Déterminés à aller jusqu'au bout de leurs revendications, les grévistes qui enregistrent un taux de suivi de 80% à l'échelle nationale, comptent poursuivre leur mouvement de protestations, malgré les intimidations et les menaces qu'ils reçoivent. Par ailleurs, une délégation des travailleurs grévistes sera reçue aujourd'hui par des représentants du ministère de la Ptic, a-t-on appris hier, en fin de journée.