La montée au créneau du ministre de tutelle ne peut être disjointe du contexte électoral. Réuni, hier, sous la présidence du ministre de la Justice, garde des Sceaux, M.Belaïz, le comité interministériel d'animation et de suivi de la réforme de la justice a convenu de donner un coup d'accélérateur aux réformes qui ne sont pas encore traduites dans les faits. Dans sa brève intervention devant les cadres délégués par les autres ministères, M.Belaïz s'est montré rigoureux quant aux délais de la rédaction des rapports finaux. En effet, il a invité l'ensemble des sous-commissions mises à contribution de faire état de leurs travaux avant la fin du mois en cours. A ce titre, seule la sous-commission chargée de la supervision de la réforme pénitentiaire a élaboré ses conclusions, lesquelles, selon le ministre, sont transmises à la chefferie du gouvernement. Ainsi, force est de relever que plusieurs aspects de la réforme traînent en dépit de l'engagement des autorités compétentes à les prendre en charge. Dans cette optique, il convient de signaler le volet relatif au statut des magistrats que n'arrive toujours pas à voir le jour alors que ce corps s'est insurgé à maintes reprises contre les chantages de tous bords qu'elle subit. Idem pour le code du commerce. Les incessants appels à la révision sont restés lettre morte. A la veille de l'adhésion de l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce, sa modification est toujours au point mort. Il en est de même du code civil malgré le serment du chef du gouvernement, M.Ouyahia, de le revoir. Vu le retard qu'a accusé le chantier en question, la montée au créneau du ministre de tutelle ne peut être disjointe du contexte électoral. Sinon, pourquoi exige-t-il les rapports des sous-commissions à une semaine de la présidentielle? Le ministre a beau dire: «La réforme de la justice occupe une place prépondérante dans le programme présidentiel de renouveau national». Il a même insisté sur le fait qu'elle (la réforme) «constitue le premier grand chantier que le chef de l'Etat s'est engagé à réaliser durant son mandat». D'où l'urgence d'épousseter un dossier à la va-vite. A cet effet, le ministère de M.Belaïz a même sollicité le coup de pouce des autres départements. «Considérant l'ampleur de ce processus, le gouvernement souligne dans son programme que la réforme de la justice ne se réduit pas à la réforme du seul secteur judiciaire entendu stricto sensu, elle implique des actions horizontales à initier par de multiples secteurs de la vie nationale», a t-il indiqué. Cependant, malgré ce recours, il est peu probable de croire qu'une réforme puisse aboutir en un mois alors qu'elle a «traînaillé» pendant quatre années.