Sans doute pas, à voir la manière avec laquelle les Occidentaux ont promptement traduit les événements de Damas du 21 août dernier. Ils ont illico pointé du doigt le régime syrien avant même qu'aucune enquête nait encore été diligentée quant aux allégations d'utilisation d'armes chimiques en Syrie. Le coupable est tout désigné: le régime de Bachar Al Assad. Loin de nous l'intention de défendre le régime syrien, mais la question se pose: pourquoi ce dernier serait-il plus blâmable que ses opposants qui sont loin d'être des enfants de choeur? A l'évidence, ce ne sont pas les crimes de la rébellion et des jihadistes du Front Al Nosra - les uns soutenus par les Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, les autres par le Qatar et l'Arabie Saoudite - qui importent, mais bien d'imputer toutes les horreurs en provenance de Syrie au régime de Damas. Un régime que l'on veut abattre quel qu'en soit le prix. Il ne fait pas de doute que des choses pas claires ont été commises ce jour du 21 août en Syrie. Il appartenait cependant aux experts en armes chimiques de l'ONU de déterminer ce qui s'est réellement passé avant toute accusation ou intervention qui ne peuvent qu'être négatives dans le contexte arabe et mondial actuel. Or, des pantins affirment à tue-tête qu'«un faisceau d'évidences» indique que «l'attaque du 21 août» était «de nature chimique» et que «tout conduisait à considérer» que le régime (syrien) en était «responsable». Qui a fait l'enquête, par quels moyens ces responsables européens ont-ils acquis la conviction que le «coupable» ne peut être que le régime de Damas? A-t-on oublié le précédent de l'Irak quand l'ex-président américain George W. Bush affirmait, la main sur le coeur, que l'Irak disposait d'armes de destruction massive (ADM), et constituait un danger pour le monde? Tony Blair l'ex-Premier ministre britannique ira plus loin en affirmant tout aussi insolemment que Baghdad était capable d'armer «en 45 minutes» un missile à tête nucléaire. Affirmations qui se sont révélées, par la suite, mensongères et sans fondements. Il était cependant trop tard (pour l'Irak), les Etats-Unis avaient déjà agi en envahissant et en détruisant l'ancienne Mésopotamie. Le monde peut-il être crédule à ce point faisant confiance à des gens qui ont sciemment menti? Or, c'est ce même scénario qui est en train de se reproduire en Syrie. Ceux qui disposent de la puissance militaire font beaucoup de bruit, pour eux, le droit international n'a de constance que lorsqu'il conforte leur diktat. En Irak, le peuple irakien a payé le prix fort évalué entre un million et deux millions de victimes. A l'évidence, en voulant rééditer en Syrie cette hécatombe, les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne ne sont plus dans leur rôle de puissances modératrices justement du fait qu'ils disposent de la puissance destructrice qui leur permet d'imposer leur oukase. Il ne s'agit pas d'innocenter Bachar Al-Assad et son régime, mais le monde dispose aujourd'hui de la technologie lui permettant de séparer le bon grain de l'ivraie. Cela n'a pas été fait, l'Occident tirant les conclusions qui lui convenaient et confortaient ses objectifs en Syrie qui sont et restent la «liquidation» de l'actuel régime syrien. Aux dernières nouvelles certains poussent à attaquer la Syrie même sans l'aval de l'Onu, comme les USA en 2003 en Irak. Quitte pour ce faire à recourir à une nouvelle guerre qui ne sera atroce que pour le peuple syrien. Qui a demandé, qui jamais demandera des comptes aux Etats-Unis pour les carnages commis en Irak entre 2003 et 2010? Sur les traces de son prédécesseur, le président américain, Barack Obama, semble désormais prêt - poussé par les extrémistes occidentaux de tout bord - à risquer une conflagration mondiale rien que pour satisfaire l'ego de la grande puissance nucléaire. Même si le chef de la Maison-Blanche veut donner le change en faisant montre de prudence, le fait est là, ses services (à sa demande) «étudient» toutes les «options» (surtout militaire). En effet, on ne déplace pas une armada de guerre en Méditerranée juste pour lui faire prendre un «peu d'air». Les Etats-Unis sont toujours en Afghanistan, ils sont restés près de dix ans en Irak - laissant derrière eux un pays en guerre - qui pourra dire ce qu'il en sera demain en Syrie? En tout état de cause l'empressement montré à culpabiliser le régime syrien avant même que les experts aient commencé leur travail est rien moins qu'innocent. En fait, c'est encore Israël qui pousse au crime quand le président Shimon Peres assurait samedi qu'il «fallait débarrasser le monde de toutes les armes chimiques syriennes». Qui jamais osera exiger de «débarrasser le monde de l'arsenal nucléaire israélien»? Telle est la question!