«Doctes», les grandes puissances haussent le ton à l'encontre de la Syrie et les avertissements fusent à propos des présumées armes chimiques que détiendrait ce pays. Et de mettre Damas en garde contre leur utilisation contre... le peuple. C'est le scénario inusable de celui qui, voulant noyer son chien, l'accuse de la rage. Cette façon de faire, récurrente, à l'encontre de pays n'entrant pas dans la logique des puissants, toute inadmissible qu'elle soit, est cependant le paravent qui permet toutes les forfaitures. En fait, ces accusations qui ne reposent sur aucune donne concrète, font partie, au même titre que les pressions et les sanctions, des intimidations à l'endroit de la Syrie attaquée depuis plus de vingt mois par une rébellion. Rébellion armée et financée par notamment le Qatar et les Etats-Unis. Les rebelles et les phalanges djihadistes massacrent les civils. Massacres systématiquement attribués par une presse et des médias complaisants au pouvoir syrien. Dès lors que ce dernier résiste et n'est toujours pas tombé, malgré l'armement sophistiqué fourni aux rebelles, la «communauté» dite internationale a vite fait de passer à un stade supérieur: prêter au pouvoir syrien «l'intention» de faire usage d'armes chimiques. Depuis, c'est une véritable déferlante menée par les pays occidentaux, Etats-Unis en tête. Même le secrétaire général de l'ONU y est allé de sa condamnation avant même que le crime ne soit accompli. L'Otan menace aussi d'une «réaction immédiate». Cela ne vous rappelle rien? Que si! Ce sont les Etat-Unis qui ont monté de toutes pièces l'accusation de détention par l'Irak, d'armes de destruction massive (ADM). Cela a justifié l'invasion du pays et sa destruction, le ramenant un siècle en arrière. Après coup, il s'est avéré qu'il n'en était rien, que l'Irak ne disposait que d'armes conventionnelles, la plupart d'entre elles, d'ailleurs, obsolètes. Certes! Mais les Etats-Unis sont parvenus à leur fin: éliminer l'Irak du champ des futures batailles pour le remodèlement du Moyen-Orient. Ces mensonges d'Etat sont devenus coutumiers de la part de pays voulant mettre au pas des nations trop indépendantes ou qui ne s'alignent pas. Hélas, il n'est pas toujours possible de se défendre contre de telles accusations, surtout lorsque même l'ONU - neutralisée et sans pouvoirs réels - fait chorus avec les va-t-en-guerre. Ces puissants affirment s'inquiéter de la vie des Syriens en butte au Dracula que serait devenu le chef de l'Etat syrien, Bachar Al Assad. La vie des Syriens? Allons donc! Quand les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France, l'Allemagne... l'ONU et l'Otan se sont-ils alarmés des massacres que commettait, que commet, au vu de tous, l'entité sioniste contre les Palestiniens et les Libanais? Quand Washington a-t-il menacé de sanctions Israël qui n'a pas hésité à user d'armes prohibées par les Nations unies? En 2006, dans la guerre contre le Hezbollah libanais, Israël a utilisé massivement des armes à sous-munitions et des armes au phosphore blanc, assimilées à des armes chimiques. Israël récidiva en août 2007 - après la capture par la résistance palestinienne du soldat israélien Gilad Shalit - en bombardant la bande de Ghaza avec ces mêmes armes interdites par les conventions internationales. Le service Mine Action des Nations unies a évalué à plus d'un million le nombre de bombes à fragmentation tirées, entre le 12 juillet et le 14 août 2006, contre le Liban. En tirant des bombes à fragmentation de fabrication américaine au Liban-Sud, Israël a, non seulement violé les accords sur les exportations d'armes, dans la mesure où Washington interdit leur utilisation contre des zones civiles, mais aussi commis des crimes de guerres qui pourraient être assimilés à des crimes contre l'humanité tel que l'estimait l'enquêteur de l'ONU, Richard Goldman, dans son rapport sur l'agression contre Ghaza de décembre 2008-janvier 2009. Notons que les Etats-Unis ont usé de ces même armes à Fallujah en Irak, en 2003-2004. En Irak, les Etats-Unis ont procédé en grandeur nature à l'essai de leurs nouvelles armes de mort. Israël en a fait de même contre les Palestiniens. Mais on n'a pas entendu ces âmes sensibles dirent leurs craintes pour la vie des Palestiniens et des Libanais. Saddam Hussein n'a jamais possédé les armes qu'ont lui prêtait. Il est fort probable qu'il en est de même pour Bachar Al Assad. Mais dans un monde où les relations internationales ne sont plus fondées sur le droit international et un minimum de morale, «l'intention» prêtée aux uns est plus percutante car pervertie, par la réalité de ces faits chez d'autres. Ce n'est certes pas ceux auxquels on pense.