La situation en Irak n'est pas encore stabilisée que les Etats-Unis se tournent vers la Syrie qu'ils soupçonnent d'avoir accueilli Saddam Hussein et ses collaborateurs et de posséder des armes chimiques. Les accusations portées contre ce pays sont en train de prendre une tournure identique à celle qui a précédé l'attaque lancée contre l'Irak. Tout porte à croire que la coalition adoptera la même démarche pour faire plier la Syrie considérée comme un danger pour Israël, le protégé des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne. Hier, le ministre britannique des Affaires étrangères, Jack Straw, a sommé la Syrie de s'expliquer sur les armes chimiques et sur les dignitaires du régime de Saddam qu'il accuse d'abriter. En tournée dans certains pays du Golfe, Jack Straw s'est exprimé depuis le QG du Commandement central américain (Centcom) au Qatar, déclarant que la Syrie doit “répondre à des questions très importantes dont celle des armes chimiques” et coopérer “de façon constructive avec nous et les Etats-Unis pour savoir si la Syrie a accueilli des fugitifs du régime de Saddam Hussein”. Toutefois, les propos du locataire du 10, Downing Street, qui a aussi affirmé que “la Syrie a une occasion de prouver qu'elle n'appartient pas à cette catégorie d'Etat voyou”, sont nuancés par rapport à ceux de son homologue américain Colin Powell qui a indiqué que son pays promet déjà des sanctions “diplomatiques, économiques ou autres”. Le ton est d'ailleurs donné par le secrétaire américain à la Défense, Donald Rumsfeld, qui accuse la Syrie d'avoir mené des tests d'armes chimiques “au cours des 12 à 15 derniers mois”. Accusations que le gouvernement syrien rejette, estimant qu'elles sont infondées et inspirées par Israël. L'ambassadeur de Syrie à Madrid, M. Mohsen Bilal, estime pour sa part que ces accusations sont “une insulte” à son pays. Le diplomate, qui a, dans une interview accordée à une radio espagnole, accusé les Américains d'avoir déclaré la guerre à l'Irak “pour le pétrole et pour protéger Israël”, a répondu que “la Syrie n'occupe pas les territoires des autres, n'a pas d'armes de destruction massive ni de têtes nucléaires, ne menace pas les autres pays et n'a aucun lien avec le terrorisme”. Allusion à Israël dont le Premier ministre, Ariel Sharon, apporte de l'eau au moulin des Etats-Unis en qualifiant le président syrien Bachar Al-Assad de “dangereux”. Sharon a estimé, dans une interview à un quotidien israélien, que le président syrien “est susceptible de commettre la même erreur concernant le rapport de force de son pays avec Israël qu'il a fait à propos des Américains et il dispose d'une force qui obéit à ses ordres : le Hezbollah”. Il paraît donc clair pour les observateurs que l'objectif des Etats-Unis dans cette escalade verbale est de “neutraliser le dernier bastion” face à Israël et d'élaborer “une nouvelle carte de la région”, selon des analystes à Damas. R. M. La ministre britanique du développement international “Toute extension du conflit à la Syrie serait intolérable” Toute extension du conflit en cours en Irak à la Syrie serait “intolérable”, a déclaré, hier, la ministre du Développement international, Clare Short. “Toute perspective d'extension du conflit à la Syrie serait intolérable et le (gouvernement) du Royaume-Uni est maintenant d'accord à ce propos”, a-t-elle déclaré, lors d'une conférence de presse pour la presse étrangère.