Pour son premier jour, la campagne électorale pour la présidentielle semble avoir du plomb dans l'aile à Constantine, tout au moins au poids des thèmes et de la lourdeur manifeste exprimée par Karim Younès et Abdelaziz Belkhadem, qui ont animé, jeudi dernier, deux meetings électoraux à Constantine. Organisé au palais de la Culture Malek-Haddad, le rassemblement présidé par Belkhadem a surtout prévalu par une totale désorganisation. Prévu à 14h, il n'a commencé qu'à 15h. Devant une assistance modeste, composée essentiellement de «redresseurs» du FLN, dont certains commencent d'ores et déjà à quitter le mouvement de redressement au cas où les choses se présenteraient mal. Homme du sérail et de réunions, l'actuel ministre des Affaires étrangères est loin d'être un «allumeur» de foule. Il s'est, en effet, contenté de donner une lecture hyperpositive du bilan de Bouteflika. En fait, il n'a rien innové. Le chef de file des redresseurs a tout juste répété ce qu'avaient déjà affirmé tous les ministres qui avaient séjourné à Constantine, durant les trois derniers mois. L'ex-président de l'APN n'est décidément pas un homme de campagne. Par contre, l'actuel président de l'APN a réussi à accrocher le nombreux public venu assister à son meeting tenu au centre culturel Al Khalifa. Karim Younès, quoique très mal servi par son manque de maîtrise de la langue arabe, a essayé de tenir un discours. A Constantine, il a, lui aussi, fait référence à Abdelhamid Ibn Badis. Cependant, il n'a pas cessé de dénoncer l'autoritarisme, l'exclusion ainsi que les pressions exercées par le cercle présidentiel sur l'administration et la justice. Selon Karim Younès, c'est Benflis qui a fait Bouteflika et non l'inverse. Selon le président de l'APN, c'est grâce à Benflis que Bouteflika a réussi sa campagne pour la présidentielle de 1999. «Loin du pays pendant de longues années, Bouteflika avait besoin d'un homme intègre propre, relativement jeune et qui connaissait bien l'Algérie. Il a trouvé en Benflis l'homme idéal», a déclaré Karim Younès. «Aujourd'hui, Benflis qui a été victime de l'exclusion à cause de ses positions de principe, est plus que jamais décidé à lutter contre toutes les formes de hogra et de marginalisation», a notamment insisté le président de l'APN qui n'a pas manqué de dénoncer la justice obscure, le chantage et les tentatives d'influence, devenus des armes entre les mains du cercle présidentiel. Il a aussi dénoncé la mainmise sur la télévision. Il n'a pas apprécié les dernières déclarations de Bouteflika, lorsque celui-ci a opposé un niet catégorique à l'ouverture du champ politique et du champ audiovisuel à d'autres formations. Les deux hommes ont clôturé leur séjour à Constantine par la tenue de deux conférences de presse séparées. Ils ont abordé avec les journalistes de différents organes, les problèmes liés à l'ouverture politique et à la liberté d'expression. Si Karim Younès a été clair en déclarant son soutien à la légalisation des formations de Taleb Ibrahimi et de Ghozali, le discours de Belkhadem est resté confus sur ce sujet.