C'est un véritable meeting de campagne électorale ayant regroupé les élus et militants locaux du parti que celui qu'a animé, jeudi dernier, à Boumerdès, M. Karim Younès, président de l'APN et membre du bureau politique du FLN, en compagnie de Abdelaziz Djerad, ex-secrétaire général du ministère des Affaires étrangères. Après une minute de silence à la mémoire des victimes du séisme, le mouhafadh de Boumerdès, M. Tahar Bahar, a rappelé, dans une brève allocution, le soutien des élus locaux de la wilaya à la candidature de Benflis, en disant que la plupart d'entre eux “restent toujours attachés aux résolutions du VIIIe congrès du parti”. Invité à prendre la parole, M. Djerad s'attaquera d'emblée à Abdelaziz Belkhadem, chef de fil du mouvement de “redressement” du FLN, qu'il accuse d'être un “opportuniste”. “Qui a dit que Belkhadem, connu pour ses accointances avec le FIS, allait être le partisan de l'adhésion de l'Algérie à l'organisation de la francophonie ? Cet homme-là est prêt à tout, pourvu qu'il garde son poste, même au détriment de ses réelles idées !”, estime l'ancien SG du ministère des Affaires étrangères, relevé, rappelons-le, de ses fonctions pour avoir refusé de rejoindre le mouvement de “redressement”. Parlant de l'instrumentalisation de la justice et de l'administration par Bouteflika en vue de les mettre à son service pour s'assurer un second mandat, le conférencier pense qu'“il y a des dérapages dangereux visant à dévier ces deux institutions des missions qui leur sont dévolues”. Et d'ajouter : “En tant que cadre de l'Etat algérien, ma conscience ne m'a pas permis de rester en spectateur face à ce qui s'apparente à un effondrement graduel des fondements de la République.” Très attendue par l'assistance, l'intervention de Karim Younès a été surtout axée sur les pressions que subissent les élus de son parti, la présidentielle et la crise de Kabylie. Pour le président de l'APN, “il est honteux que cette région, bastion de la Révolution, soit aujourd'hui marginalisée et livrée à elle-même”. Concernant l'élection présidentielle, qui aura lieu au courant du 1er trimestre 2004, l'orateur prédit, d'ores et déjà, la victoire du SG du FLN. “Je vous assure qu'Ali Benflis remportera la bataille”, clame-t-il sous un tonnerre d'applaudissements de l'assistance, tout en promettant que les instigateurs des attaques ayant ciblé les sièges des mouhafadhas du parti auront des comptes à rendre. “Nous disposons de preuves quant à leur implication dans ces opérations de putsch et nous les rendrons publiques au moment opportun”, dira-t-il. Le gouvernement d'Ahmed Ouyahia n'a pas été également épargné par les critiques de Karim Younès qui le qualifiera de “staff électoral”, appelé à la rescousse d'un candidat pour sa réélection. Réagissant aux derniers appels du chef de l'ex-FIS proposant une “initiative de sortie de crise” à même de concrétiser “le projet” de réconciliation nationale, si cher à Bouteflika, M. Younès estime que si réconciliation il y a, ce sera entre “l'Etat et le peuple”. “Avec qui va-t-on nous réconcilier ? Avec les assassins de nos concitoyens ? Avec ceux qui ont violé l'honneur des femmes algériennes ? Avec les égorgeurs d'enfants ?”, s'interroge-t-il. “Nous refusons cette réconciliation”, conclut-il en appelant les militants et sympathisants de son parti à installer des comités de soutien à la candidature de Benflis à la magistrature suprême. M. B.