Ayant accusé beaucoup de retard dans la crise syrienne, la France se réveille en sursaut et cherche coûte que coûte à reprendre la main sur ce dossier pour s'imposer sur la scène internationale. “Les armes bactériologiques et chimiques sont d'une autre nature que les armes ordinaires", a répondu Laurent Fabius, au micro d'Europe 1, à la question de savoir s'il attendra d'avoir un accord de l'ONU pour intervenir militairement si Bachar Al-Assad utilise des armes chimiques, laissant ainsi entendre que non. Cette réponse atteste de la volonté de Paris de se mettre en évidence sur la scène internationale après les critiques acerbes adressées au président socialiste François Hollande, pour son long silence sur la question, qu'il a rompu à l'occasion de la tenue de la conférence des ambassadeurs lundi dernier. “On ne peut pas supporter que ces armes, dont les conséquences dramatiques peuvent se diffuser plus loin que les frontières syriennes, soient employées", s'est justifié le ministre des Affaires étrangères, assurant que la réglementation internationale permettait une attaque pour riposter à l'usage de telles armes. “Si Assad les emploie, nous serons intransigeants. Notre réponse serait alors immédiate et fulgurante", a encore insisté le chef de la diplomatie française. Se disant “bien entendu certain" que la Syrie possède de telles armes, Laurent Fabius rejoint ainsi la position du président américain. “Nous avons été très clairs envers le régime d'Assad, mais également envers les autres acteurs sur le terrain, sur le fait que, pour nous, la ligne rouge serait de voir un arsenal complet d'armes chimiques en train d'être déplacées ou utilisées", avait déclaré Barack Obama le 20 août. “Cela changerait mes calculs", avait-il assuré au sujet d'une intervention militaire qu'il exclut pour le moment. Le 22 août, le Premier ministre britannique David Cameron, le président américain et François Hollande s'étaient entretenus pour parler de la question. “L'utilisation d'armes chimiques nous amènerait à revoir notre approche du conflit", avaient-ils conclu dans un communiqué. Une intervention internationale en Syrie est exclue tant que le Conseil de sécurité de l'ONU refuse de donner son accord à l'Otan, ce qui se passe depuis le début du conflit, puisque la Chine et la Russie, partenaires de la Syrie, mettent systématiquement leur veto. Mais chaque pays est libre d'envoyer lui-même des troupes directement sur le terrain. Le hic : la Syrie représente la deuxième puissance militaire arabe après l'égypte, forte de 500 000 hommes. Affaiblie par la rigueur budgétaire et la guerre en Libye, l'armée française prendrait de gros risques en attaquant toute seule. Mais le ralliement des états-Unis changerait incontestablement la donne. Même si le Conseil est aujourd'hui paralysé, Laurent Fabius et William Hague ont affirmé que la communauté internationale ne devait pas rester inactive dans d'autres domaines, comme l'humanitaire. “Le message de la France au peuple syrien, a lancé Laurent Fabius, est clair : Assad va tomber mais nous ne vous laisserons pas tomber." Le ministre français a préconisé d'aider l'opposition syrienne à “se fédérer" et a lancé un “nouvel appel aux défections". Son homologue britannique a “appelé les partisans d'Assad à prendre leurs distances vis-à-vis du régime ou à se préparer à répondre pour les actions du régime", évoquant une hypothétique saisine de la Cour pénale internationale. Une telle saisine supposerait une résolution de l'ONU, très improbable en raison du blocage russo-chinois. M T/Agences