En termes de tueries et de massacres, les réseaux terroristes d'Al Qaîda n'en finissent pas d'innover. Ils interviennent par des attaques osées et plus risquées véhiculées par des prises d'otages. Après la tentative perpétrée par les «Signataires par le sang» sous la coupe de Mokhtar Belmokhtar contre le site gazier de Tiguentourine qui s'est soldée par la neutralisation des ravisseurs dont au moins quatre ont été arrêtés, suite à l'assaut spectaculaire d'une unité spéciale de l'ANP, alors que plus de 600 otages ont été sauvés, c'est le Shabab somalien, une des branches d'Al Qaîda qui vient d'attaquer un centre commercial luxueux, Westgate Mall, à Nairobi au Kenya. Plus de 32 heures sont passées et le bilan est lourd. Au moins 69 morts et 173 blessés, dont des enfants et des ressortissants occidentaux, deux Français, trois Britanniques et deux Canadiens. Le groupe terroriste contre lequel l'assaut a été donné est composé de 15 éléments. Ils semblent avoir agi en représailles à l'intervention du Kenya en Somalie contre les islamistes liés à Al Qaîda. Aux dernières informations, les ravisseurs sont peu à peu repoussés vers le parking qui se trouve au sous-sol. Les confrontations entre les assaillants et l'armée kényane durent depuis plus de deux jours. L'attaque a été qualifiée de spectaculaire. Est-ce une nouvelle forme de terrorisme? Par quels moyens ce réseau a-t-il osé attaquer une aussi grande surface? Qui a financé cette prise d'otages? Et comment un nombre aussi important de terroristes a pu s'infiltrer dans la capitale du Kenya sans être inquiété? Selon des stratèges avertis, une telle attaque a été bien préparée, mesurée dans le temps et dans l'espace. A lui seul, le Shabab somalien n'aurait pas pu avoir tant de moyens pour s'aventurer sans avoir eu des garanties. Pour ces spécialistes, il s'agit certes, d'une nouvelle formule subversive visant à terroriser les populations et à semer l'insécurité. Nos sources n'écartent nullement une coordination entre les réseaux terroristes qui doivent jouir d'une complaisance avérée et un soutien logistique. Par cet acte terroriste, le Shabab a réussi un véritable coup médiatique qui fait la une des journaux dans de nombreux pays et n'a pas tardé à faire réagir plusieurs Etats, notamment ceux confrontés à la menace terroriste pour prendre des mesures supplémentaires afin de sécuriser les grandes surfaces, mais aussi des sites sensibles constituant l'essentiel de l'économie. Pour des sources sécuritaires, si les terroristes ont frappé aujourd'hui à l'ouest de l'Afrique, ils peuvent aussi présumer des attaques ailleurs. Pour l'Algérie qui connaît parfaitement le phénomène pour l'avoir combattu pendant plus de 15 ans et continue de le faire avec détermination, même si une paix relative a été acquise, la vigilance demeure le nerf de sa stratégie. Des mesures ont été prises dans les plus grandes villes du pays, surtout celles qui abritent des sites économiques, car c'est le premier objectif des réseaux criminels. Les services de sécurité se font certes discrets, mais leurs mouvements ne peuvent passer inaperçus, comme c'est le cas à Alger. Prise par prévention, ou sur la base d'informations, ces mesures, indiquent nos sources, demeurent indispensables. Ceux-là interviennent au lendemain de l'appel du tristement célèbre Ayman Zawahiri, n°1 d'Al Qaîda pour cibler l'Algérie après avoir indexé les USA. Pour nous c'est un signe fort qui doit être pris au sérieux. Entre-temps l'Algérie continue d'enregistrer des résultats probants sur le terrain. Après la neutralisation de trois terroristes, dont un mauritanien le 8 septembre dernier aux frontières maliennes qui tentaient de pénétrer le sol algérien, sept autres ont été abattus dans la nuit de vendredi à samedi au lieudit Daïa, situé entre Bordj Badji Mokhtar et Reggane. Des AK 47 et un important lot de munitions ont été récupérés. Les forces de sécurité des GGF et de l'ANP ont coordonné cette opération après avoir été alertées par les forces aériennes qui sillonnaient le périmètre. Une fois localisés, les forces de sécurité, sommant les terroristes à bord de deux véhicules tout- terrain de se rendre, ont fini par les neutraliser au moment où ces derniers voulaient user de leurs armes. L'accrochage a fini en faveur des militaires.