Plus de la moitié des accusés du dossier Naftal faisaient la tête à cause d'un autre report. Il était 9h37 lorsque Saloua Derbouchi-Makhloufi, la juge, débuta l'appel des 18 détenus installés au box des accusés sous étroite surveillance. Une si étroite surveillance que les menottes ne furent enlevées qu'une fois les accusés assis. La clim est en marche. L'humidité qui réside en ces lieux depuis des milliers d'années, est légèrement atténuée surtout que la salle d'audience était bondée. Les proches, familles et autres témoins attendaient l'appel avant de rejoindre la salle d'attente d'à côté, le temps que la magistrate ne les appelle à la barre. Le procès dit Naftal va-t-il se tenir? Les avocats, eux frisent les quarante. On y remarque Maître Farid Benbelkacem, Maître Kamel Hemdani, Maître Naziha Selmi, Maître Heraoubia, Maître Sayah de Tizi Ouzou, Maître Linda Djellal, Maître Abou Djihad Azibi, Maître Abdelmadjid Dekiche, Maître Chérif Chorfi, Maître Sadek Chaïb, Maître Yakhlef, ravissante. Sur le siège du ministère public, est sagement assis Touidjini. Les gens attendent. Ils ignorent si le procès va se tenir ou il va être renvoyé comme il y a une quinzaine de jours alors que la juge du siège était encore en congé annuel, très loin d'Alger. Les faits sont graves. «Détournement de produits pétrochimiques, faux et usage de faux et association de malfaiteurs.» De quoi expédier tout ce beau monde pour une décennie à l'ombre. «L'ordonnance de renvoi a joué sur le Code pénal et la loi 101 sur la corruption», estime Maître Benbelkacem sans sourire... Le temps passe. 20 minutes après, Derbouchi est penchée sur le pupitre griffonnant une à un les coordonnées des défenseurs constitués en attendant les inévitables retardataires... une demi-douzaine d'avocats arrive en trombe, Maître Benkraouda jette un oeil sur le box pour faire de l'oeil à son client ravi de le voir présent... L'appel des témoins a laissé apparaître des...absents en trombe. Il a été victime d'une circulation comme celle du centre d'Alger qu'on connaît... Soudain, une douzaine d'avocats dont Maître Djellal, Maître Mohammed Ali Barhoum, se précipitent à deux mètres du pupitre de la juge. Cette dernière connaît ces assauts désordonnés. Elle sent un mauvais tour. Elle ouvre grands, les yeux, les oreilles et son coeur. Elle reçoit la demande tel un seau d'eau glacée. On demande un renvoi de trois ou deux semaines. Ah! Non! Maître, je ne connais pas le motif du renvoi, mais trois ou deux semaines, une seule suffit. Rendez-vous le 2 octobre 2013, même heure, et sans absents!» Saloua Derbouchi, la mine neutre, a tranché. Elle n'avait pas que cette seule affaire dans le rôle du rôle. D'ailleurs, l'affaire suivante a comme «star» Maître Chérif Chorfi qui finira sur les genoux. Entre-temps, les vingt-six accusés dont les dix-huit détenus étaient déjà loin. Et rien qu'à voir l'ordonnance de renvoi, on devine que le juge d'instruction a bien mâché le boulot. Il a dû décortiquer les faits, accusé par accusé, même si plusieurs défenseurs crient déjà au dossier vide. Dans la salle d'audience, Maître Abdelaziz Cherfouh se pavanait d'une rangée à une autre. Ses confrères ne cessaient de le louer avec sa réputation d'un dur à cuire à la Cour suprême d'où il en sort huit fois sur dix avec du succès. La cour casse et renvoie! Pour revenir au procès des suspects de Naftal, attendons mercredi pour voir si un autre lapin va sortir de Derbouchi qui s'est franchement défoncée durant son congé de détente. Elle le vaut bien. Le pôle a sous la main les magistrats qu'il faut avec Touidjini Mohammed et Derbouchi-Makhloufi, pour une excellente gestion de chauds débats...