«Pourquoi certains candidats appellent les citoyens au vote tout en susurrant qu'il a déjà eu lieu?» «Pour un certain nombre de candidats les dés sont pipés. A quoi sert cette élection où la fraude a sévi avant même qu'elle ne débute, où les résultats sont connus d'avance, où le président-candidat a déjà organisé, à différents niveaux, sa propre succession?» De tels points de vue suscitent des idées «ténébreuses» mais éclairent à plus d'un titre nombre d'observateurs. A Adrar, Béchar et Naâma, trois étapes de la campagne du président-candidat nous ont permis de juger des capacités d'un homme. Tout le monde ici est accroché aux mots prononcés. Une certaine affinité dans l'espoir recherché par tous, unit ces femmes, ces jeunes et ces vieux. Toutes les supercheries qui jalonnent cette campagne ont été mises à nu par le président-candidat. Ce dernier reviendra sur son programme futur s'il est réélu à la magistrature suprême. «La réconciliation nationale acquise, il est temps d'influer d'une manière active sur la refonte de l'Etat et les institutions du pays.» Autant de points qui ont été analysés avec dextérité, confiance et surtout par un homme très observateur et informé des carences du système de fonctionnement. Le président-candidat a, en outre, explicité toutes les initiatives entreprises depuis cinq années. «Toutes les régions du pays ont bénéficié d'enveloppes conséquentes. Des budgets complémentaires ont été décidés pour remettre sur les rails l'économie nationale et ce, pour rattraper les retards accumulés durant presqu'une décennie. Tout le monde peut constater de visu et profiter des réalisations des projets ouverts... », dira M.Bouteflika. Le volet politique a été distillé d'une manière fine et consciente «Ces derniers ne voient pas de changement réel du régime, ou n'y croient pas. Mais, c'est là une affaire de temps. Les mentalités changent doucement», indiquera le président-candidat. Dans cette perspective, la question est de savoir «est-ce que le problème vient des hommes politiques, prétendants à la magistrature suprême et disposés à assouvir leur soif du pouvoir à brûler tout sur leur passage? «Ces hommes-là vont là où les mène leur démagogie, caressent dans le sens du poil et rameutent les vieux démons : aventuriers de tous bords, spéculateurs de chaos, affairistes sans foi ni loi, trabendistes des rêves et des aspirations du peuple», indiqueront un groupe d'ingénieurs venus soutenir la candidature du président-candidat. Là, dans cette Algérie profonde, on ne croit qu'aux actes et M.Bouteflika «a fait de son mieux durant ces cinq dernières années», dira ce fellah, qui poursuivra ses paroles par «ce sont ceux-là qui clament et agitent la fraude comme l'épouvantail devant leur permettre de vaincre les forces vives du pays. Qu'on leur pose une question, une seule et les voilà confondus : pourquoi donc participent-ils à une élection truquée?» En effet, dans cet ordre d'idées, «à nous de nous poser la question sous d'autres formes», déclare ce vieux moudjahid. «Pourquoi certains candidats (on se réserve de citer leurs noms) appellent-ils les citoyens au vote tout en susurrant qu'il a déjà eu lieu? Est-ce seulement pour préparer l'explication de leur échec le jour du scrutin? Ou bien, pire, pour inviter certains esprits fragiles, ou prompts au suivisme, à une guerre civile qu'ils appellent de tous leurs voeux sachant qu'ils n'ont pas les faveurs des électeurs?», indiquera un groupe de médecins d'Adrar. Dire qu'il y a fraude, «sans le moindre argument et dire qu'il faut aller voter, c'est dire une chose et son contraire. La raison exige de faire un choix qu'ils ne sont pas disposés à faire» fera remarquer ce président d'APC, déprimé par les critiques de certains candidats qui pour lui «ne sont dans la course que pour le fauteuil». Pour le président-candidat, si quelques remarques ont été faites çà et là, la retenue est de mise. Tellement ébahies, attentives...Béchar, Adrar et Naâma ont tellement scruté l'horizon qu'on peut avancer aujourd'hui que leur choix a été fait : «Nous voterons Bouteflika.» Un couperet qui anéantira, sans nul doute, tous les espoirs des autres. Pour notre part et en toute objectivité, les personnalités à la présidentielle sont avant tout des Algériens et représentent cette masse d'Algériens, car les désirs ne relèvent pas de la raison mais de l'irrationnel.