Pas moins de 31 anciens cadres de ce parti, dont des ministres, contestent l'actuelle ligne suivie par Ouyahia. Rien ne va plus désormais dans les rangs du RND. Pas moins de 31 de ses cadres, dont d'anciens ministres, députés et membres fondateurs, ont rendu public un communiqué d'une rare virulence, s'élevant contre la ligne directrice du RND, telle que conçue par Ouyahia depuis sa prise de pouvoir fin 1998. Le communiqué, qui annonce des rebondissements, des révélations et de nouveaux ralliements dans les prochains jours, dresse une analyse lucide de la situation avant de conclure que «le programme du candidat Ali Benflis répond le mieux aux aspirations du peuple algérien». Les exemples évoqués ont trait aux libertés individuelles et collectives, à la démocratisation de la société, à la promotion d'une économie de marché à très forte dimension sociale et, enfin, à la prise en charge effective des graves et urgentes crises de l'heure, telles que la Kabylie et l'emploi dans le sud du pays. Les signataires du communiqué, étalé sur trois longues pages, appellent de la manière la plus directe qui soit «tous les cadres et militants qui adhèrent fidèlement aux principes fondateurs de notre parti que le moment du changement est arrivé par votre choix et votre soutien au programme du candidat Ali Benflis». Le communiqué, qui établit une relation historique entre la situation présente et celle qui avait présidé à la naissance du RND, souligne «la déclaration inquiétante du candidat (Bouteflika) qui envisage la fermeture du champ politique et médiatique, donc l'émergence d'un système monopoliste et autoritaire sous l'égide d'une alliance politique contre-nature qui consacre la remise en cause de tout le processus démocratique, le pluralisme, les libertés individuelles et collectives qui sont le fruit de gros sacrifices consentis par le peuple algérien». La liste des signataires, comportant 31 noms, concerne l'ensemble des régions du pays. Y figurent, notamment, Aïssa Nouasri, ancien député, cadre et dirigeant au sein de l'Ugta. Nordine Bahbouh et Saïd Bendakir, tous deux anciens ministres. Deux autres grosses pointures font également partie des signataires. Il s'agit de Tahar Benbaïbeche et Mohamed Belbachir. Le premier était secrétaire général du RND et de l'Onec. Le second était le successeur du premier à la tête de l'Organisation nationale des enfants de chouhada. De nombreux anciens députés, connus pour leur activisme, figurent également parmi les signataires. Le communiqué promet de rendre publics d'autres noms, peut-être plus importants encore sur le plan politique. Il pourrait s'agir de membres fondateurs du RND, mais aussi d'actuels cadres et élus de ce parti ; soit, déçus par leur secrétaire général actuel, soit conscients que le vent serait en train de tourner en défaveur du président-candidat avec toutes les conséquences fâcheuses pouvant découler sur ses relais et comités de soutien. Des sources proches de la direction du RND, jointes hier par téléphone, ont tenté de minimiser cette fronde, assimilable à un autre mouvement de redressement visant à remettre le RND sur sa ligne politique originelle. Elles ne cachent, toutefois, pas l'inquiétude qui gagne de plus en plus de militants et de cadres à mesure que la lisibilité se fait incertaine, au même titre que l'issue du prochain scrutin présidentiel. Nul doute, en tout cas, que l'avenir de ce mouvement dépendra quasi intégralement de cette élection.