Outre la proposition de retrait de confiance formulée, ils cherchent une confrontation publique et décisive. La riposte du comité de sauvegarde du RND ne s'est guère fait attendre. A peine 48 heures après la réunion du bureau national du RND sous la présidence de Ahmed Ouyahia et le point de presse qui s'en était suivi, les animateurs de ce comité se sont réunis pour rendre public un communiqué dont une copie nous est parvenue hier. «La responsabilité du secrétaire général par intérim dans la débâcle qui a touché notre parti est totale », attaque d'entrée de jeu le communiqué. Cela avant de l'accuser de «chercher à sauver sa carrière politique au détriment du parti en louvoyant à travers la convocation des coordinateurs de wilayas en attendant la rencontre du conseil national». Le communiqué, d'une très rare virulence, va encore plus loin en accusant Ouyahia «d'avoir géré seul le parti, d'avoir préparé les listes en solo à partir des administrations pénitentiaires, et d'avoir mené seul sa campagne électorale, développant un discours étranger à la ligne du RND». Les auteurs du communiqué y voient là «les seules raisons se trouvant derrière la débâcle du RND». Il est, au passage, balayé d'un revers de la main les arguments développés par Ouyahia pour expliquer son échec. Des arguments qui, rappelons-le, accusent plus ou moins ouvertement le chef du gouvernement, le ministre de l'Intérieur et certains cadres de l'administration. Plus virulent, aussi bien dans la sémantique que dans le contenu politique, le communiqué rappelle plus loin «l'incapacité de Ouyahia à gérer un aussi grand parti que le RND, d'autant que son secrétaire général intérimaire, rejeté par toute la base, a souvent affirmé être un homme d'administration et non pas de politique». Conscients que le temps ne joue pas forcément en leur faveur, les animateurs du comité de sauvegarde du RND interpellent indirectement les décideurs pour leur annoncer que «Ouyahia n'a pas mandat de négocier quoi que ce soit au nom du parti». L'allusion aux négociations autour de la formation du futur gouvernement est très claire. A ce sujet, on apprend, de sources proches des responsables restés fidèles à Ouyahia, que ce dernier aurait présenté hier la liste des ministres proposés par son parti. Les frondeurs, de leur côté, tentent de stopper le processus en s'adressant à ces mêmes décideurs: «La présence de Ouyahia un des hommes les plus impopulaires du pays au gouvernement ne rend certainement pas service à l'Exécutif.» Ce dernier, et même s'il n'est pas admis de se mêler des affaires organiques d'un parti politique, «gagnerait à choisir des militants RND qui soient membres de la commission de sauvegarde du RND ou qui soient neutres par rapport à ce conflit». Cela, en attendant que le conseil national tranche et que les militants du RND sachent enfin à quel saint se vouer.