Obama n'a pas voulu plier au chantage qu'il qualifie de «croisade idéologique». Il refuse de payer la «rançon». Les choses en sont là. L'administration américaine est bloquée depuis mardi dernier... 800.000 Américains plus des dizaines de milliers d'autres en cours d'identification sont pris en otage depuis mardi dernier, aux Etats-Unis. Une prise d'otages d'apparence civilisée. Sans kalachnikov mais avec une autre arme aussi redoutable qui a pour nom «shutdown». Un nom qui désigne le blocage de la loi de finances. Il faut savoir qu'aux Etats-Unis, l'année fiscale s'achève le 30 septembre, à minuit, de chaque année. Celle de l'année suivante doit être adoptée avant. Par son approbation par la Chambre des représentants ou Chambre basse, le Sénat et le président des Etats-Unis. Mardi dernier c'est la Chambre des représentants contrôlée par le Parti républicain qui était à l'origine du blocage. Une partie des plus radicaux de ce parti ont usé de ce moyen pour entraver la réforme de santé introduite par le président Obama et qu'on appelle «Obamacare». Cette réforme, validée par la Cour suprême en 2012, permet aux plus démunis des Américains d'avoir une couverture sociale pour les soins médicaux. Auparavant, ceux qui n'avaient pas les moyens de payer les frais médicaux pour se soigner, notamment les cancéreux dont les traitements sont les plus coûteux, n'avaient droit à aucune assistance médicale. Les radicaux républicains ont donc voulu imposer le report, puis le retrait de la loi, de «l'Obamacare» sinon ils bloqueraient le fonctionnement de l'administration américaine. Obama n'a pas voulu plier et a refusé le chantage qu'il qualifie de «croisade idéologique». Les républicains ont alors mis leur menace à exécution. Les choses en sont là. En plus de tous ces fonctionnaires brutalement mis au chômage, il y a tous les commerçants à la périphérie des structures touchées (parcs de loisirs, musées, etc) qui sont touchés. A cela s'ajoute la quasi-paralysie de l'administration américaine dans son ensemble. De la Maison-Blanche aux services de renseignements en passant par les hôpitaux et bien d'autres services ne fonctionnement qu'en service minimum depuis mardi dernier. Obama a même rappelé que la Nasa risque la fermeture. C'est dire que les républicains n'ont pas reculé à bloquer leur pays pour des raisons fallacieuses. Car l'Obamacare n'est pas une loi pour la médecine gratuite comme on pourrait le croire. C'est la participation de l'Etat à la souscription d'assurance maladie des pauvres. Ce qui boostera les affaires des compagnies d'assurances et qui créera du même coup des emplois. Une décision qui favorise la relance économique. La réalité est ailleurs. C'est la deuxième fois en 17 ans qu'une telle prise d'otages a lieu. En 1996 c'est Bill Clinton qui a dû y faire face. Il faut rappeler qu'il a été l'artisan des accords d'Oslo qui furent signés par Yasser Arafat et Yitzhak Rabin le 13 septembre 1993. Rabin a été ensuite assassiné, le 4 novembre 1995, dans son propre pays par un Israélien. C'est sûrement là que se trouve «la croisade idéologique» évoquée par Obama et son refus de payer la «rançon». Une «rançon» qu'il ne faut pas comprendre au premier degré et la traduire par un versement en dollars. On est plus dans l'exigence d'un changement de position sur un projet politique bien précis. Il faut préciser que l'abandon de frappes militaires contre la Syrie ainsi que le dialogue amorcé avec l'Iran, ont été mal accueillis par les dirigeants israéliens. D'ailleurs, le jour même du blocage, Netanyahu prononçait son discours, devant l'Assemblée générale de l'ONU pour annoncer son désaccord complet contre la manière pacifique adoptée par Obama sur ces deux dossiers. Il a même fait état de son intention de déclencher une guerre nucléaire en «ne permettant pas à l'Iran de se doter du nucléaire» et que «Israël est capable d'attaquer (l'Iran) seul». Et si l'on y ajoute que le lobby israélien représenté par l'Aipac a plus d'influence sur les républicains que sur les démocrates que sont Bill Clinton et Obama, ont est sur la voie de mieux comprendre le «chantage» et la nature de la «rançon» liés au dernier «shutdown» de mardi dernier. Ce qui conforte cette cause est l'extraordinaire disproportion entre le blocage du fonctionnement de la première puissance du monde et le prétexte d'une simple réforme de la santé incontestablement bénéfique pour l'économie américaine. Ceci dit, les Américains ne sont pas dupes. Ce blocage s'est toujours retourné contre ses auteurs. Clinton lui doit sa réélection. Obama étant à son dernier mandat, ce sont les démocrates qui en tireront les bénéfices aux prochaines élections. Leur candidate sera très probablement Hillary Clinton. Ce n'est pas plus mal. Après un président noir, les Etats-Unis éliront pour la première fois une femme à la Maison-Blanche. Quant à la guerre nucléaire promise par Netanyahu, c'est aux Israéliens de décider. Il y va de leur existence! [email protected]