«La radio et la télévision fabriquent des grands hommes pour de petites gens.» Gilbert Cesbron Contrairement à l'environnement de la télévision, le monde de la radio n'a pas «encore» été touché par l'ouverture audiovisuelle, qui commence à révolutionner le champ médiatique lourd en Algérie. Pour les privés, il est plus facile de créer une télévision et diffuser sur le satellite Nil Sat, que de lancer une radio privée en Algérie. Car, contrairement au satellite, les patrons qui désireraient créer des radios privées doivent passer inéluctablement par le TDA et avant cela, après avoir obtenu une autorisation du ministère de la Communication. Ce scénario n'est pas possible avant l'adoption de la nouvelle loi sur l'audiovisuel qui est programmée au Parlement. Mais la radio a-t-elle besoin d'une ouverture ou d'une révolution? Pas si sûr et pour dire quoi? Car, contrairement à la télévision publique, la radio a toujours une plus large liberté de ton. Cette liberté d'expression a été en tout cas profitable aux journalistes de radio qui se sont fait un chemin facile dans le monde de l'audiovisuel. Comme par exemple Ahmed Lahri, qui était à la Chaîne III, Khaled Drareni à la Radio internationale ou encore Abdelhakim Zemouche qui était à la Chaîne I et qui a atterri à France 24 arabic à Paris. Il faut dire que même à l'étranger, la majorité des journalistes viennent de la radio, c'est le cas des journalistes d'Al Jazeera, qui avait tous commencé à la radio BBC arabic avant d'atterrir à Doha. Même Khadidja Benguenna est issue de la Radio Nationale Chaîne I. Même cas pour les journalistes de France Télévisions qui sont par la majorité d'Europe 1. La radio a été plus ouverte à l'opposition que l'Entv, car il ne faut pas oublier: l'image est plus puissante que le son. Pour preuve, Saïd Sadi, l'ancien président du RCD, qui est un invité politique très difficile à gérer, avait toujours refusé de participer aux émissions de l'Entv, si elles ne sont pas en direct. Ce dernier passait toujours dans les émissions de radio. Les débats sur les trois chaînes de la Radio nationale, étaient largement suivis par la presse écrite, qui reprenaient souvent les déclarations fracassantes des leaders politiques. A la radio, les débats politiques sont souvent très chauds et les échanges entre invités sont parfois mouvementés, c'est ce qui fait le charme de la radio que ça soit en Algérie ou ailleurs. Faute de radios privées (pour le moment), la campagne électorale pour la prochaine présidentielle risque d'être prenante. La radio, dans ces trois langues, réservera un large espace pour les invités politiques. La radio fera le tour des candidats à l'élection présidentielle, mais donnera la parole également aux nombreux présidents de partis pour commenter cette élection. La majorité des émissions politiques sont diffusées en direct, que ce soit l'émission hebdomadaire 100% politique, organisée par la Radio Algérie internationale, l'émission Qanaâte (convictions) de la Chaîne I ou encore l'Invité politique sur la 3. La Radio algérienne, à sa tête «un enfant de la boîte» Chaâbane Lounakel, saura profiter du seul espace médiatique qui n'a pas été encore envahi par l'anarchie audiovisuelle privée. [email protected]