Les pro-Morsi, qui ont organisé une manifestation avortée hier, ne cedent pas et continuent de défier l'armée (Archive) Les partisans de Mohamed Morsi ont défié l'armée hier en appelant, tout comme leurs opposants, à de nouvelles manifestations aujourd'hui en Egypte, après des rassemblements marqués par les heurts. L'Alliance contre le coup d'Etat, dirigée par les Frères musulmans dont est issu M.Morsi, a appelé ses militants à tenter à nouveau de se rassembler à travers tout le pays et sur la place Tahrir, dont l'armée bloque tous les accès, à l'occasion du 40e anniversaire de la guerre de 1973 contre Israël. Le mouvement Tamarrod, à l'origine des manifestations monstres du 30 juin sur lesquelles s'est appuyée l'armée pour déposer et arrêter M.Morsi le 3 juillet, a lui aussi lancé un appel à la mobilisation aujourd'hui «sur toutes les places d'Egypte» pour défendre la révolution de 2011. Le conflit de 1973 - appelée guerre d'Octobre dans les pays arabes, guerre du Kippour en Israël - reste un sujet de fierté pour l'Egypte, qui a réussi à surprendre les défenses israéliennes et a, à terme, récupéré la péninsule du Sinaï dans l'accord de paix de 1979. L'alliance dirigée par les Frères musulmans «réitère son appel à tous les Egyptiens à continuer leurs manifestations partout en Egypte et à se rassembler dimanche 6 octobre sur la place Tahrir pour célébrer l'armée de cette victoire, ainsi que ses dirigeants», annonce un communiqué. Vendredi, la police a tiré des coups de semonce et des gaz lacrymogènes pour empêcher des centaines d'islamistes d'approcher de l'emblématique place du centre de la capitale. Dans plusieurs quartiers du Caire mais aussi dans le reste du pays, en particulier à Alexandrie (nord) et à Assiout (centre), des manifestations islamistes ont été émaillées par des affrontements entre partisans et opposants du président déchu. Ces violences ont fait au total quatre morts au Caire et une quarantaine de blessés dans le pays. Il n'était pas possible de savoir si les morts étaient des pro ou anti-Morsi. Un haut responsable médical a assuré qu'aucun d'entre eux n'était membre des forces de l'ordre. Selon des experts, la volonté des Frères musulmans de commémorer à leur manière la guerre de 1973 est une tentative risquée de priver les commandants responsables de la destitution de M.Morsi de l'aura patriotique de leurs aînés. «Ils vont essayer de montrer que l'armée d'aujourd'hui n'est pas l'armée de tous les Egyptiens», a expliqué Hassan Nafaa, professeur de sciences politiques à l'Université du Caire. «Mais ce message ne passera pas bien». «Les Frères musulmans ne se rendent pas compte qu'il ne peut pas y avoir de nouvelle révolution», a-t-il ajouté. «Les Egyptiens ne s'opposent pas à l'armée comme ils s'opposaient à la police en janvier 2011. S'il y a des violences demain (aujourd'hui), les Frères musulmans seront les perdants». Hier, l'Alliance contre le coup d'Etat a expliqué que les violences de vendredi, dues à «des attaques contre les manifestations», ne feraient qu'accroître leur détermination. Mais la presse égyptienne a estimé que les Frères musulmans étaient responsables des violences et s'est inquiétée pour la journée de dimanche. «Répétition sanglante des Frères musulmans avant le 6 octobre», titrait ainsi le quotidien indépendant Al-Masry Al-Youm. Exprimant leur inquiétude, l'ONU, les Etats-Unis ou encore l'Allemagne ont insisté sur l'importance du caractère pacifique des manifestations. Les Frères musulmans peinent à mobiliser dans les rues depuis la violente répression qui a fait des centaines de morts dans leurs rangs à la mi-août et vu l'arrestation de la quasi-totalité de ses dirigeants, tandis que la justice a interdit les activités de la confrérie et ordonné la saisie de ses biens. Premier président égyptien élu démocratiquement mais accusé d'avoir cherché à accaparer le pouvoir pour les Frères musulmans, M.Morsi est aujourd'hui détenu au secret et inculpé de la mort de manifestants.