Ce sera réellement une aubaine pour nos artistes qui demeurent sans structure, sans statut et sans financement public. Les réseaux sociaux s'animent ces jours-ci, s'agitent même. Et pour cause! Non il ne s'agit pas de commenter un quelconque match de foot genre Barça contre Real Madrid, mais un truc plus sérieux que ça, une fois n'est pas coutume, le motif relève bel et bien de l'art, de notre sort à tous. Oui, il s'agit d'un sujet éminemment important pour lequel un groupe d'artistes a lancé une pétition destinée à la société civile mais adressée en première instance aux autorités compétentes, soit la tutelle, le ministère de la Culture! Le motif? faire des abattoirs d'Alger, plus précisément du Ruisseau, une aubaine pour l'art visuel. Ainsi, nous pouvons lire dans un long texte explicite rédigé à cet effet que «les artistes en arts visuels résidant à Alger, suggèrent à notre ministère de la Culture, la création d'un lieu au coeur d'Alger, une infrastructure culturelle de nature dynamique qui crée l'événement», un espace avec pour mission de structurer, dynamiser et encourager la production et la diffusion artistique contemporaine sous toutes ses formes. L'objectif étant de doter Alger de moyens nouveaux en phase avec le présent, avec comme objectif: faire sortir de l'impasse et de la léthargie les disciplines liées à la pratique des arts visuels». Et de renchérir: «Les artistes rêvent d'un pareil lieu au service de la production d'images et de la rencontre, parce qu'il est dans leur nature d'exister, de réclamer, de montrer et d'être entouré pour indiquer qu'ils existent, de signifier qu'ils ont besoin de rencontrer leur public. Aussi, les artistes tiennent à rappeler que les «Abattoirs d'Alger», situés entre les quartiers d'Hussein Dey et les Annassers, vieil espace structurant l'activité commerciale de la boucherie à Alger est en voie de cession d'activité, pouvant donc convenir à une réhabilitation de type culturel pour accueillir des activités artistiques et festives pluridisciplinaires sachant que «les artistes des différentes disciplines des arts plastiques et visuels, qui, faut-il le signaler, «sont restés sans structure, sans statut et sans financement public». A cet effet, la pétition énumère tout une série ou batterie de contraintes à laquelle fait face l'artiste ne disposant d'aucune visibilité publique et d'aucun encadrement juridique pour l'exercice de son métier. Il en donne comme terrible constat «le cloisonnement entre disciplines artistiques comme le meilleur vecteur pour créer le vide qui assassine le métier d'artiste», ce dernier ne dispose pas non plus d'un identifiant fiscal pour pouvoir payer ses impôts et prétendre exister en société en dehors du circuit traditionnel des fonctionnaires et des travailleurs. Réclamer un droit à l'existence dans la société algérienne, passe par un guide pratique où les doléances sont également suggérées dans cette pétition qui prie le ministère de la Culture de «déclarer d'utilité publique la profession d'artiste, d'encadrer juridiquement et de réguler les professions de l'art, de protéger les diplômes artistiques délivrés par la Culture qui ouvrent droit à une carrière du champ de l'art, de demander au ministère des Finances d'attribuer un identifiant fiscal aux artistes et aux professionnels de l'art: designers, peintres, sculpteurs, graveurs etc... De concevoir un plan préliminaire, de relance de l'activité avec une large consultation des artistes, pour une insertion en société, et permettre aux artistes une participation effective dans leur société, d'encourager l'acquisition d'oeuvres d'art par les collectivités locales, le secteur hôtelier public... de doter notre capitale Alger, d'une structure vivante dédiée à l'art, au lieudit «Les abattoirs d'Alger», pour implanter des activités culturelles, avec comme objectif de relancer l'activité des métiers liés aux arts visuels, de favoriser la rencontre multidisciplinaire de toutes les formes d'expression, créer des ateliers d'artistes pour toutes les disciplines: (céramistes-designers-graveurs-décorateurs-peintres- sculpteurs, musiciens, danseurs, photographes,...) créer des ateliers de production d'artisanat d'art, des salles d'exposition pour organiser les grands événements, créer des salles de conférences, mettre en place des ateliers expérimentaux, recherche numérique et vidéos, encourager les arts de la scène, les arts lyriques, la musique et la danse, créer des espaces pour l'apprentissage artistique des enfants, etc. Pour établir les bases de ce projet, intitulé «l'événement culturel aux abattoirs d'Alger», les artistes se disent d'ailleurs ouverts à toute proposition et échange avec les décideurs et acteurs concernés. Cette demande s'inspire d'expériences relevées dans de nombreux autres pays, à l'exemple des anciens abattoirs du Testaccio à Rome (Italie) qui abritent aujourd'hui le Musée d'art contemporain de Rome. La balle est donc dans le camp du ministère de la Culture!