La fraude massive a-t-elle réellement commencé dans certaines localités du pays ? En se basant sur le communiqué adressé à notre rédaction par le député de la daïra d'Aïn Defla, Zidouk Abdelkader, député FLN et vice-président de l'APN, les adeptes de Bouteflika à Aïn Defla sont entrés en action et confirment les soupçons de fraude proférés par les autres candidats, en obligeant «les fonctionnaires et les commerçants» d'Aïn Defla à signer par écrit «des promesses de vote» en faveur du candidat-président Bouteflika. Ce document où est inscrit le nom et prénom de l'électeur, ainsi que le lieu et le bureau de vote, mais ne comportant pas le cachet des comités de soutien à Bouteflika, est distribué aux citoyens et aux notables de la ville. Les membres de ces comités de soutien qui font «le porte-à-porte» récupèrent ensuite «l'imprimé dûment visé» selon l'expression du député du FLN, qui ajoute que ces documents «serviront à justifier la fraude que l'administration prépare». Des preuves ont été établies, ajoute la même source selon lesquels des responsables de l'éducation distribuent ces tracts aux élèves en âge de voter «dans l'enceinte même des établissements scolaires». Si ces accusations de fraude venaient à être confirmées, la principale victime de cette opération ne serait autre que le candidat-président Bouteflika, qui n'a aucunement besoin de ce coup de pouce, oeuvre de personnes zélées et non contrôlées pour gagner une seconde mandature dont les analyses le donnent tout de même comme un sérieux prétendant à sa propre succession. Les responsables du bureau de campagne du président-candidat et à leur tête Sellal, sont maintenant confrontés à un véritable dilemme au moment où leur candidat qui prône à chaque meeting la neutralité de l'administration ne mettent pas fin à ces pratiques éculées. Le «pot-aux-roses» a été découvert par des professeurs qui sous le couvert de l'anonymat ont «dénoncé ces pratiques». Celles-ci qui ont été maintes fois dénoncées par le passé, continuent à pourrir la vie des citoyens dont les pressions exercées sur eux ne semblent pas connaître leur fin. L'exemple le plus frappant de la fraude massive demeure celui des élections législatives de 1997 et le tollé général soulevé par les leaders politiques, n'a apparemment pas eu l'effet escompté. Le fameux rapport parlementaire diligenté par le député du FLN, Mazouzi, a pourtant révélé l'ampleur de la fraude qui a vu la victoire écrasante d'un nouveau-né, en l'occurrence le RND d'Ahmed Ouyahia. Même si cette tendance à la fraude a quelque peu baissé dans les dernières élections législatives de 2002 et dans une moindre mesure lors de la campagne présidentielle de 1999, malgré le retrait de 6 candidats, le phénomène de la fraude continue de hanter les postulants à la magistrature suprême. Ils redoutent avant tout que le candidat Bouteflika n'en profite pour passer en force et dès le premier tour, alors que tout le monde, y compris ceux qui étaient les plus sceptiques, commencent à évoquer l'hypothèse d'un second tour.