Le vieux parti garde le perchoir, le RND applaudit en attendant, le MSP cultive le mystère et le PT préfère s'abstenir. L'élection d'Ammar Saïdani a suscité une vive réaction de la part de ses adversaires. Ahmed Mamouni, est déçu. Avec ses 39 voix, il est très loin derrière M. Saïdani qui en a eu 248. «La démocratie en Algérie est un leurre, c'est un mensonge» déclare-t-il à la fin du vote.«Le candidat était connu d'avance», «il a été imposé d'ailleurs». Par le président? Interroge un confrère. «Non je préfère dire par le pouvoir exécutif». Dans une déclaration remise à la presse, le député du FLN, Mamouni, a dénoncé la nomination du troisième homme du pays par «d'autres structures, alors que seuls les députés sont censés accomplir cette tâche». M.Mamouni a confié qu'il a subi des pressions pour le contraindre à se retirer de la course. Il est de l'habitude du personnel politique de faire des déclarations de dénonciation à la suite d'un échec. Il arrive qu'il les justifie. Ahmed Mamouni révèle que» les députés ont subi des pressions et ils ont négocié leurs intérêts». Pour les pressions, M.Mamouni lâche le mot : «Le pouvoir exécutif les a menacés de dissoudre l'APN s'ils ne votaient pas pour le candidat de l'alliance stratégique». S'agissant des intérêts, il faut noter que le renouvellement des structures du FLN est pour bientôt. Des noms circulent déjà au sein de l'hémicycle. Les postes concernent la tête du groupe parlementaire, la commission juridique, et les vice-présidences. Aussi, avance-t-on les noms de Hamza Abdelkader, Kenai, député de Medéa et Daadoua Ayachi. A la commission juridique on retrouve MM.Chihoub et Messikh Messaoud. Pour le poste des vice-présidents ce sont Libid Abdelwahab, Abbas Mekhalif, ex-président du groupe parlementaire, Menfoukh Belkacem Zidouk, député d'Aïn Defla et Tayeb Ferahi. Khaled Ahmed, un autre candidat, indépendant, à la présidence de l'APN : 7 voix, déclare : «C'est un vote disciplinaire orienté politiquement. C'est-à-dire que le FLN et l'alliance stratégique ont reçu des directives les incitant à voter pour le candidat Saidani. Dans un autre sens la stratégie de l'équilibre régional a été respectée». D'autre part, il note : «Le président de l'APN n'est pas de l'Ouest mais du Sud-Est si c'est pour calmer la région du Sud actuellement en fronde je ne peux être que satisfait».Le mystère concerne le parti de Bouguerra Sotani. Après avoir refusé, en apparence, la candidature de Saïdani, rien n'a filtré sur la consigne de vote qu'il a donnée à ses élus. Le vote à bulletin secret a arrangé les choses pour lui. Une stratégie qui se résume parfaitement dans cet adage populaire : «Ma t'khiyeb eddib, ma t'bekki errai» (ne déçois pas le chacal et ne fais pas pleurer le berger). Plus clair, le parti de Louiza Hanoune a affiché sa position dès la matinée avant l'élection, à savoir, l'abstention. «De notre point de vue, et sans nous immiscer dans les affaires internes de chaque groupe, il est normal que, par-delà la nature du scrutin de mai 2002, ce soit la représentation majoritaire qui dégage le président de l'APN» a écrit le PT dans sa déclaration. On ne peut plus disciplinés, les députés d'El Islah ont affiché un comportement exemplaire envers leur parti. Ils ont voté en bloc en faveur de leur candidat, Mohammed Djahid Younsi.