«Si les grèves commencent en ce début d'année, quel sort sera réservé aux élèves d'ici la fin de l'année?» Le Cnapest a reconduit la grève entamée lundi dernier conformément à l'appel de son bureau national. Le débrayage qui avait touché partiellement le palier du moyen alors qu'il a totalement paralysé le secondaire risque de perdurer surtout que le puissant syndicat des lycées avait menacé d'une reconduction automatique devant le silence de la tutelle. Cette volonté imposée de radicaliser le mouvement est accentué par le bras de fer qui oppose les membres du bureau de wilaya à la direction de l'éducation. Lundi, les deux parties en conflit étaient devant le juge au tribunal de Bouira. Suite à l'absence de la partie accusatrice et celle d'un témoin, le magistrat a décidé le report au 21 de ce mois. Hier, l'heure était au débat autour des revendications et unanimement les grévistes se disent outrés par le silence du ministre alors que les revendications restent amplement justifiées. «Le marasme qui caractérise le secteur résulte de la gestion catastrophique des carrières, de la mise en place de textes favorables à leurs concepteurs et qui marginalisent les compétences...», commente un enseignant du lycée A. Mira de Bouira. Le cas d'une enseignante d'histoire du moyen est un cas avéré. L'enseignante a fait sa formation au niveau de l'ENS. Elle a exercé plusieurs années comme formatrice à l'ITE. Pour des raisons familiales, notamment après son mariage et la fermeture des instituts, elle se retrouve au CEM où elle est classée à la 11 quand des enseignants sans Bac se retrouvent à la 12 après une «fausse» formation de 3 années. Le commun des mortels savent que ces «formations» n'étaient que formelles et sans aucun apport. Plusieurs professeurs d'éducation physique sont devenus du jour au lendemain, des «licenciés» en français. Les difficultés rencontrées par les enseignants partis à la retraite dans l'élaboration de leurs dossiers est une autre preuve du marasme qui a de tout temps caractérisé le travail des directions de l'éducation. Du côté des parents d'élèves l'inquiétude est totale. «Si les grèves commencent en ce début d'année, quel sort sera réservé aux élèves d'ici la fin de l'année?» pense un parent. «Si les revendications sont fondées, le ministère doit revoir sa copie et mettre les enseignants dans les meilleures conditions: c'est ça l'intérêt de l'enfant et non les beaux discours» ajoutera notre interlocuteur. L'intérêt de l'enfant ne se marchande pas. Il ne doit en aucun cas servir de moyen de chantage. La volonté du nouveau ministre de rompre avec les méthodes du plus ancien ministre à la tête d'un département, passe par des décisions responsables pour rétablir, chacun dans ses droits pour pouvoir ensuite lui imposer ses obligations, au lieu de spéculer sur qui a tort et qui a raison. Le ministère reste l'unique responsable d'une situation qui pénalisera encore nos enfants. Seules pareilles décisions sont à même de rendre au secteur sa noblesse et sa sacralité.