Les Américains, qui se trouvent à l'origine de cette coopération, veulent y impliquer la Libye, seul Etat maghrébin resté en dehors de cette traque. L'initiative Pan-Sahel (PSI), programme de formation militaire entre les Etats-Unis, le Mali, le Niger, le Tchad et la Mauritanie, «a permis de développer la coopération sahélo-maghrébine en matière de lutte contre le terrorisme», a indiqué le colonel Victor Nelson, de l'armée de terre américaine dans une revue éditée par le département d'Etat que dirige Colin Powell. L'Algérie, qui a toujours été à l'avant-garde de la lutte contre ce fléau, joue le rôle de pivot central, par son expérience, ses moyens et sa position géostratégique qui la place à cheval entre la région méditerranéenne et l'antichambre de l'Afrique profonde. Ainsi, et quand bien même la Libye serait revenue à de meilleurs sentiments concernant ses accointances avec le terrorisme international, les experts américains, que ne démentent pas les services de sécurité algériens, estiment que le pressing exercé sur les activistes un peu partout dans les zones de tension dans le monde, les a conduits à chercher, puis à trouver, refuge dans la zone sahélienne. Ils ont, de la sorte, profité du caractère enclavé de cette région ainsi que du manque de moyens dont souffrent les armées tchadienne, malienne et mauritanienne. Mieux, les troubles au Soudan ont dû aider certains groupes à mettre en place des camps d'entraînement. Il ne faut pas oublier, en effet, que la première base du genre, que dirigeait Ben Laden en personne, se trouvait dans ce pays. Les services secrets algériens avaient, l'année passée, éliminé un Yéménite, envoyé spécial du chef d'Al-Qaîda, confirmant au passage que Ben Laden cherchait véritablement à se redéployer dans cette région. L'intérêt américain, appelé à aller crescendo, n'est donc pas fortuit. Le PSI «est un outil important de la guerre contre le terrorisme et a beaucoup fait pour renforcer les liens dans une région que nous avions beaucoup ignorée par le passé (en matière de terrorisme), et notamment entre l'Algérie et le Mali, le Niger et le Tchad», explique ainsi M.Nelson, qui est le responsable de ce programme au Pentagone. «Nous disons depuis longtemps que si la pression devient trop dure pour les terroristes en Afghanistan, au Pakistan, en Irak et ailleurs, ils trouveront de nouveaux pays où activer. Les régions du Sahel et du Maghreb font partie de ces endroits», a-t-il soutenu. Selon le colonel Nelson, «la collaboration entre les pays du Sahel et l'Algérie s'est accrue après l'organisation en 2003 à Bamako, capitale du Mali, par le centre africain d'études stratégiques (African Center for Strategic Studies acess), d'une rencontre consacrée à la lutte contre le terrorisme». «Nous y avons invité des responsables aussi bien du Sahel que du Maghreb afin qu'ils coopèrent dans la lutte contre les bandits, les contrebandiers et les terroristes qui se servent de ces zones frontalières difficiles d'accès et quasi impossibles à surveiller par les seuls moyens modernes dont dispose l'armée américaine», a-t-il souligné. A ce sujet, il a fait constater que «l'un des résultats de cette coopération avait été la récente participation de forces, qui ont suivi un entraînement offert dans le cadre du PSI, à une opération couronnée de succès contre le Gspc, basé en Algérie, qui est une organisation islamiste liée à Al-Qaîda. Son chef local, Abderrezak El-Para, de son vrai nom Lammari Saïfi, a été reconnu coupable de l'enlèvement de 32 touristes européens l'année dernière dans le Grand-Sud algérien». Il est à souligner que le PSI, géré par le département d'Etat américain, utilise des membres des forces spéciales américaines basées en Allemagne pour former et renforcer le professionnalisme des forces de sécurité du Mali, du Niger, du Tchad et de la Mauritanie. Pour lui, «l'objectif de ce programme est d'aider les pays du Sahel, qui couvrent une zone pratiquement égale à la superficie des Etats-Unis, à patrouiller dans les routes habituellement empruntées par les commerçants, mais qu'utilisent aujourd'hui les terroristes». Il suffit, a-t-il fait remarquer, de «regarder de quoi est faite la région du sahel. C'est une zone reculée, dont une grande partie est désertique. Elle est utilisée traditionnellement pour le passage de la contrebande à grande échelle, dont les marchandises illicites et les armes». Par conséquent, «elle suscite l'intérêt des terroristes pour qui de tels endroits se révèlent propices pour mener leurs actions terroristes», a-t-il poursuivi.