Le siège du FMI à Washington La BM relève que les investissements dans la région Mena poursuivent leur mouvement baissier. La BM a indiqué jeudi dernier que les troubles politiques persistants dans plusieurs pays de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord - Mena ont compromis l'activité économique et les investissements, déjà affectés par l'absence de réformes économiques significatives. Dans un rapport intitulé «Mena, investir par des temps de troubles», la BM constate que le flux des investissements directs étrangers (IDE) a changé au lendemain des bouleversements politiques qui ont traversé plusieurs pays de la région (Tunisie, Egypte, Libye...). Alors que les IDE destinés au reste du monde ont augmenté après 2010, leurs flux vers Mena ont poursuivi leur mouvement baissier à mesure que s'exacerbaient les conditions économiques et politiques, note-t-on. Le rapport observe que les troubles politiques ont affecté le volume et la qualité des IDE et créé un biais des flux en faveur des industries extractives moins créatrices d'emplois. L'économiste en chef à la BM pour la région Mena, Shanta Devarajan, estime que les pays de la région ne peuvent pas se permettre de continuer de négliger les obstacles économiques de longue date et que l'absence de réformes économiques significatives, couplée à l'instabilité politique et macroéconomique dans les pays Mena, «contribuera à freiner le potentiel d'investissement et de croissance, non seulement à court terme, mais également au cours des années à venir, à moins que des mesures correctrices ne soient prises.» De son côté, la principale auteure du rapport, Mme Elena Lariehovichina, a affirmé qu'en décourageant les investissements axés sur la recherche d'efficacité, «les chocs préjudiciables à la stabilité politique accentuent la concentration des IDE dans les industries extractives et les secteurs non commerciaux». Selon les auteurs du rapport, les pays de la région Mena devraient «renforcer les institutions et améliorer le climat de l'investissement, en particulier les stabilités politique et macroéconomique.» Pour Devarajan, la solution à la création d'emplois et à la transformation structurelle dans la région passe nécessairement par la protection de l'Etat de droit et des droits de propriété, ainsi que dans des politiques stables et transparentes. L'autre priorité sur laquelle insiste la BM a trait aux réformes concernant les problèmes qui existent de longue date, notamment les lois appliquées de manière arbitraire et inégale, les faveurs faites aux entreprises privilégiées, la qualité de l'éducation et de la formation, le renforcement des compétences et le mauvais fonctionnement des marchés. Le rapport de la BM vient après l'avertissement du FMI contenu dans son dernier rapport sur les perspectives économiques mondiales, publié mardi dernier en prévision de la tenue de son assemblée annuelle prévue à partir d'hier jusqu'au 13 octobre à Washington. Pour le Fonds, «améliorer l'environnement sociopolitique et la stabilité macroéconomique, de la diversification économique et d'une création accélérée d'emplois» sont essentiels pour arriver à une croissance «durable» et «équitable» à moyen terme. L'institution préconise cette action aux pays de la région Mena, même si une hausse de la croissance mondiale en 2014 et une reprise de la production de pétrole sont attendues. Epousant ces analyses, le Premier ministre Abdelmalek Sellal a, lors des travaux de la tripartite, fait un plaidoyer pour une économie diversifiée qui sait puiser dans la production industrielle et agricole. Il avait souligné qu'«un pays dont l'économie n'est fondée que sur les hydrocarbures n'ira pas loin». Cette appréciation de la situation économique du pays, faite lors des travaux de la tripartite, fait écho à l'appel du FMI, adressé aux pays exportateurs de pétrole de la région Mena, à donner la priorité à la diversification de leur économie ainsi qu'au renforcement de leur résistance à d'éventuels chocs de baisse de revenus pétroliers dans un contexte économique mondial encore terne.