Les organisateurs locaux ont été littéralement submergés par le flux humain. Le candidat d'El Islah a réussi son défi en terre kabyle. A Béjaïa comme à Sétif, la fièvre antivote a cédé à l'ambiance électorale, qui a permis à Djaballah de tenir ses meetings dans la sérénité. Pourtant, dans la matinée, c'est après une petite pérégrination que le cortège a atteint la ville de Sétif. Il a dû rebrousser chemin au niveau de Bouira afin de contourner l'obstacle dressé par les archs défavorables à la présidentielle. A Sétif, loin des émanations de pneus brulés et l'activisme antivote, les militants et sympathisants du MRN ont réservé un accueil des plus enthousiastes à leur candidat. La salle du 8 Mai 1945 - quoique spacieuse - n'a pu contenir les masses humaines qui s'y sont précipitées pour manifester ostensiblement leur soutien au candidat islamiste. Les organisateurs locaux ont été littéralement submergés par ce flux humain. En fin connaisseur de la région, Djaballah a cité tour à tour les localités relevant de ladite wilaya tout en haussant le ton à l'évocation de celles berbérophones. Ainsi, en prenant acte des spécificités de Sétif, l'orateur a abondé dans le sens encourageant la cohabitation entre Arabes et Amazighs. En outre, il a mis en exergue l'impératif de consacrer la légalité tel indiqué dans le Livre Saint. «Nous demandons vos voix, nous ne voulons atteindre le pouvoir que par vos voix, sinon nous ne l'aurions pas refusé lorsqu'il nous a été proposé», a-t-il indiqué. D'autre part, il s'est félicité de «la maturité du peuple qui ne peut choisir, le 8 avril, que l'homme qui lui conviendra». Enfin, il «lance un appel à la mobilisation le 8 avril pour ne pas rater un rendez-vous crucial arguant le changement et la rupture». Une mobilisation qui doit être accompagnée selon le discoureur, «d'une surveillance rigoureuse des urnes». L'assistance composée essentiellement de jeunes et de moins jeunes, a donné la réplique en scandant à Ben Badis : «Ben Badis, Djaballah est notre président.» A Béjaïa, le leader d'El Islah a affronté sans complexe une population réputée réfractaire à toute élection, mais encore plus aux idées islamistes. L'étonnement fut grand chez la délégation du MRN quant à l'accueil amical des Bougiotes. Même si ces derniers n'ont pas donné de signes d'adhésion à la candidature de leur hôte, il n'en demeure pas moins qu'ils l'ont laissé s'exprimer à sa guise. A Kherrata, sa première escale, Djaballah a débarqué sans crier gare, provoquant, ainsi, la curiosité des passants. Saisissant ce mini regroupement inopiné, le chef de file d'El Islah a tenu un bref discours dénué de relents islamistes. En effet, espace géographique oblige, il a sereinement édulcoré ses propos en se contentant de signaler que «l'arabité et l'amazighité convergent vers le même objectif, celui de bâtir une grande nation algérienne». Deuxième étape, le chef-lieu de wilaya, Béjaïa, là également les fusibles contraignants ont sauté. Les comités de soutien y ont été bel et bien mis sur pied, tout comme la campagne électorale qui a atteint sa vitesse de croisière où tous les candidats y ont fait campagne directement ou indirectement. Ainsi donc, Djaballah a trouvé le Théâtre régional de Béjaïa (TRB) bien préparé pour la circonstance. Le mérite revient à Djamel Benabdesselam, député de Bouira et la députée de Béjaïa qui se sont affairés à «planter» le décor qui sied à l'événement. Selon certaines indiscrétions, de nombreuse personnes ont été ramenées de Bouira en vue de servir «d'applaudimètre». La dernière halte a été effectuée au fief du candidat Saïd Sadi, en l'occurrence la commune de Melbou. «Nous sommes des démocrates», se targuaient les citoyens de Melbou. Par enchantement, une quarantaine de jeunes se sont regroupés autour de leur hôte, criant à l'intermède de chacune de ses phrases: «Djaballah président !». Les citoyens que nous avons apostrophés sur la raison de cette convivialité ont été catégoriques : «Notre seul ennemi est bien Bouteflika!» Dans la soirée, Djaballah a regagné la wilaya de Jijel où il a observé une courte escale dans la commune de Ziama et tenu un meeting à la salle omnisports Aberkane, située au chef-lieu de la wilaya. Sa campagne a visé essentiellement la frange juvénile qui a garni les gradins de la salle. La pauvreté, le mépris, le chômage ont été les points saillants de son intervention.