Cette activité représente avant tout un instrument de notoriété pour ses instituts. Après la guerre des soutiens que se sont livrée les directions de campagne du président-candidat et d'Ali Benflis, la guerre des sondages fait son apparition à dix jours du vote. D'aucuns affirment que cette méthode presque inexistante en Algérie, procède d'une guerre psychologique pour intoxiquer les électeurs avec de fausses prévisions. Au fait que penser des sondages politiques ? Jusqu'à quel degré peut-on estimer qu'ils sont crédibles ? Si les méthodes utilisées sont scientifiques, comment expliquer alors les erreurs dans l'estimation des intentions de vote dans les pays où cet exercice est bien rodé? En France, les sondages sont mis au pilori pratiquement à chaque échéance électorale. Les municipales de 2001, les législatives de 1997 avec la droite donnée gagnante, les présidentielles de 1995 avec Jacques Chirac considéré comme hors course, et pour clôturer la dérive, la présidentielle d'avril 2002 où les grands instituts de sondage sont complètement passés à côté de la réalité. Malgré l'existence de plus de 350 centres de sondage qualifiés, la France a failli retrouver à la tête de la République un président extrémiste. Six grands instituts se distinguent en France dans le sondage: Bva, CSA-TMO, Ifop, Ipsos, Louis Harris et TN Sofres. Cette activité représente avant tout un instrument de notoriété pour ses instituts. En 2000, les sondages politiques ont contribué à environ 3% au chiffre d'affaires d'IPSOS France et à 9% à celui de BVA. La théorie des sondages part du postulat que l'on peut connaître l'opinion d'une population donnée en observant l'opinion d'un petit sous-ensemble de celle-ci, à condition que cet échantillon possède les mêmes caractéristiques que l'ensemble de la population. Or en Algérie, plusieurs paramètres faussent la véracité des résultats puisque les critères utilisés se heurtent eux-mêmes à des difficultés bien propres aux pays du tiers-monde telles que l'appartenance ethnique, le régionalisme et l'analphabétisme. Le schéma devient plus complexe quand on ne connaît même pas les chiffres vrais donnés par tel ou tel institut de sondage. Deux quotidiens ont rendu public hier, un sondage fait par l'institut Immar basé à Paris. L'interprétation faite des résultats de cet institut est contradictoire. Le quotidien El Moudjahid a rapporté que Bouteflika obtiendrait 55% des voix au premier tour et 60% des voix en cas de second tour. Quant à Benflis, il lui accorde moins de 17%. Le Soir d'Algérie lui, donnait Benflis gagnant avec un score de 55% des voix contre 17% de votants en faveur de Bouteflika. «Le sondage a été réalisé la semaine dernière par l'institut Immar basé à Paris sur la base d'une commande émanant du cabinet de Bouteflika et a débouché sur des résultats diamétralement opposés à ceux que le clan présidentiel s'apprête à rendre publics» a noté Le Soir d'Algérie. Quelle version croire avant de critiquer le sondage lui-même? La guerre des médias, la guerre des soutiens, la guerre des sondages, on risque par manque de fair-play d'aboutir à la guerre tout court.