«Prévoir rend le pas assuré.» Hazrat Ali Les gouvernements se suivent et heureusement ne se ressemblent pas. Il y en a qui se contentent de gérer les affaires coulantes, d'autres de geler les affaires courantes tandis que d'autres essayent d'innover en prospectant leur imagination. Mais qu'est-ce donc que gouverner? Pour les uns, c'est gérer les activités propres à un Etat, constater les problèmes afférents à une société, y proposer des solutions et remédier aux situations étudiées. Pour d'autres, c'est gérer mais aussi prévoir, c'est-à-dire projeter, dans un avenir plus ou moins lointain, l'évolution des problèmes constatés et des solutions adéquates à appliquer. C'est évidemment cette dernière tâche qui est la plus difficile, car elle nécessite, outre une perspicacité des gouvernants, des outils théoriques très efficients. Cependant, pour beaucoup de gens, en général, ceux qui sont échaudés par plusieurs décennies de parti unique, de manipulation des masses et de démagogie, gouverner c'est promettre, promettre et puis promettre. Les promesses sont, en général, faites en période électorale, quand les candidats au futur Parlement d'où sortiront les futurs Premiers ministres et ministres, font tout pour amadouer les citoyens naïfs. Mais il y a des gouvernements qui, comme l'exprime la fameuse expression, «ne se mouchent pas du coude et continuent à faire des promesses quand ils sont en butte à des problèmes qui durent ou à un mécontentement général, que la presse la plus muselée du monde n'arrive pas à étouffer». Ainsi, il n'y a pas longtemps, alors qu'il était sur la pente glissante qui conduit en général vers la sortie, un Premier ministre n'avait pas hésité à promettre, lors d'un discours fleuve tenu devant les caméras de l'unique, de construire annuellement 100.000 logements. On ne joue pas impunément au pompier en chef pour éteindre un sinistre qu'on a contribué à étendre. Evidemment, malgré la situation sécuritaire qui se dégradait alors, beaucoup d'âmes naïves avaient commencé à chanter les louanges de ce Premier ministre, réputé comme incorruptible. Depuis plus d'une décennie, beaucoup de citoyens (ceux qui ne sont pas morts ou partis comme harraga «par une nuit sans lune, dans une mer sans fond», ou se sont débrouillés grâce au système du petit pied à terre dans une cité perdue dans une banlieue abandonnée) attendent encore leur logement au pied du mur de l'Aadl. On passera sur les promesses faites pour régler les problèmes des médicaments, améliorer le système hospitalier, nettoyer au Kärcher les allées infestées par la corruption, débarrasser le pays des terroristes résiduels, réformer la justice, l'éducation, créer plusieurs chaînes de télévision...Enfin, que des promesses. La dernière en date est la décision du gouvernement de prévoir un ambitieux projet de construction de logements et de créer un embryon d'industrie automobile. En a-t-il les moyens? Voilà des projets louables qui vont mettre un peu de baume au coeur de ceux qui ont effectué depuis bien longtemps leur premier paiement pour l'espoir d'un petit toit tout en sachant que beaucoup de logements attribués ont été revendus malgré la clause d'incessibilité et que d'autres ont été loués au noir par des affairistes sans scrupules. Quant à la production de véhicules c'est un autre problème: dans combien d'années notre pays arrivera-t-il à satisfaire la demande intérieure par une production nationale qui n'a pas encore commencé à balbutier. En outre, les gouvernements à venir auront -ils assez de courage pour changer leur fusil d'épaule et songer à investir plutôt dans le transport collectif que dans le coûteux et polluant transport individuel? Avec les devises dépensées pour importer des véhicules individuels, ces trois dernières décennies (on ne connaîtra peut-être jamais le chiffre astronomique qui a couvert ces coûteuses opérations), appelées A-IV ou autres astuces pour faire rentrer un objet polluant..., on aurait peut-être pu réaliser des lignes de métro sur 1200 km de côte, des tramways dans tous les sens et des trains dans tous les contresens.