C'est tout à l'honneur de la population qui vient de signifier qu'elle n'a de leçon à recevoir de personne en matière de démocratie. Vivier électoral important, pôle politique représentatif, la région de Béjaïa a toujours fait l'objet de convoitise des politiques qui, à chaque échéance électorale, n'ont d'yeux que pour elle. Entreprendre une action politique à Béjaïa, y marquer sa présence, ne serait-ce que symboliquement, reste le rêve de tous les partis politiques et autres mouvements. C'est sans doute, pour toutes ces raisons que les candidats en lice pour la présidentielle du 8 avril ont pratiquement tous subi le test béjaoui. Les derniers en date à s'y rendre, étaient les deux plus grosses pointures de cette élection présidentielle, en l'occurrence Abdelaziz Bouteflika et Ali Benflis. Il reste la candidate du PT, Mme Louisa Hanoune, qui est annoncée, à son tour, pour demain. Très appréhendé, le bal des meetings électoraux ouvert par le Dr Saïd Sadi, s'est globalement déroulé dans la sérénité. Et c'est tout à l'honneur de la population qui vient de signifier par la même occasion, qu'elle n'a de leçon à recevoir de personne, en matière de démocratie. Hier, les citoyens de la capitale de la Basse Kabylie se sont réveillés avec un grand ouf de soulagement, toutes les parties ont, finalement, pu s'exprimer et la ville est restée intacte. C'est en soi, l'expression même de la maturité démocratique de la région. Si l'expression des citoyens le jour du vote n'est pour l'instant, pas tout à fait garantie, encore moins en faveur d'un quelconque candidat, il n'en demeure pas moins que cette question est présentement à l'ordre du jour des discussions entre les citoyens. Contrairement aux précédentes consultations électorales, organisées depuis le Printemps noir, la présidentielle du 8 avril suscite la curiosité et l'intérêt des citadins qui, outre l'interrogation qui entoure le déroulement de l'élection le jour du vote, s'intéressent aussi aux différents candidats et à ce qu'ils proposent en matière de solution aux problèmes qu'ils vivent. L'homme de la rue était, encore hier, à commenter les intentions des deux derniers candidats de passage dans la région. Autant Bouteflika est accrédité de «sagesse» en ayant évité d'aborder le sujet se contentant de parler de dialogue, autant l'engagement d'Ali Benflis a été reçu totalement. Bref, le débat présidentiel bat son plein en Basse Kabylie quand même la tendance lourde s'oriente vers le rejet et le boycott, vu que les archs usent toujours de moyens plus persuasifs. Ces derniers, après une longue période de domination, tendent à perdre le contrôle de la situation, en témoignent ces timides apparitions, faites tout juste pour marquer le point, lors de la venue d'Ali Benflis et d'Abdelaziz Bouteflika, lundi passé. Et comme pour expliquer cet état de fait, la Cicb est revenue hier à la charge, à travers une déclaration dénonçant «la culture de répression du pouvoir, qui a décrété un état de siège sur la ville de Béjaïa», allusion à l'impressionnant dispositif de sécurité déployé, lors de la venue des candidats Bouteflika et Benflis. A ce titre, la Cicb condamne «la répression de la population» qui s'est illustrée par «l'arrestation d'une cinquantaine de délégués, le dressage de barrages routiers et l'affichage du portrait des candidats par les gendarmes aux abois». Dans ce même document, l'instance représentant les archs de Béjaïa salue «l'extraordinaire mobilisation de la population pour exprimer son rejet à la visite des deux candidats» désignés comme «principaux responsables de tous les événements qui ont endeuillé la région» et termine par un appel à la population «à plus de vigilance».