Le royaume n'a accepté de signer la Convention sur le tracé des frontières avec l'Algérie, que 10 ans après notre indépendance. Piqués à vif sur la question des droits de l'homme au Sahara occidental, les Marocains sont furieux. Il sont furieux que l'Algérie ait remis à l'ordre du jour la question du mécanisme indépendant de surveillance des droits de l'homme dans les territoires occupés du Sahara occidental. A l'évidence, si ce mécanisme est institué, cela signifierait et confirmerait clairement aux yeux de la communauté internationale que ces territoires échappent à la souveraineté du Maroc, contrairement à la fiction nourrie par ce pays sur cette question. C'est là où le bât blesse nos voisins de l'Ouest qui s'évertuent à proclamer leur attachement à l'intégration maghrébine. Ils soutiennent vouloir faire de l'UMA un axe prioritaire de leur diplomatie. Ils avancent que c'est l'Algérie qui bloque la construction de cet ensemble maghrébin. Ils endossent également à l'Algérie la fermeture des frontières, allant même jusqu'à suggérer que cette situation engendre un manque à gagner qui se chiffrerait en milliards de dollars. Mais ce chapelet de victimisations ne résiste pas à un examen sérieux des faits. Qu'on en juge: sur les 37 conventions conclues sous le parapluie de l'UMA, le Royaume marocain arrive en dernier avec seulement huit conventions ratifiées contre 29 pour l'Algérie, 28 pour la Tunisie, 27 pour la Libye et 25 pour la Mauritanie. Pour le Maroc marque-t-il ainsi le pas quand il s'est agi de conventions réelles à effet immédiat pour la construction de l'ensemble maghrébin? Ainsi, par delà les professions de foi qui n'engagent à rien, ceci est un indicateur objectif et impartial de la sincérité que met chaque membre de l'UMA dans une authentique démarche intégrationniste. Encore que parmi les conventions qu'il a ratifiées, le Maroc n'a choisi que les instruments en relation avec le commerce, les investissements et la circulation des marchandises. Ce que ne dit jamais le Maroc aussi, est le fait d'empoisonner ses relations avec l'Algérie et la Mauritanie qui n'a plus d'ambassadeur à Rabat depuis deux ans. En effet, ce pays n'a reconnu la Mauritanie que neuf ans après son indépendance. Aussi bien dans le cas de l'Algérie que de celui de la Mauritanie, le Makhzen instrumentalise la question du Sahara occidental et ses délires d'expansionnisme qui irriguent tous les projets qu'il caresse au niveau de la région. A chaque rendez-vous international, à chaque visite d'une personnalité occidentale dans la région, notamment américaine comme c'est le cas à présent avec l'arrivée de John Kerry, le Maroc tente d'individualiser le conflit sahraoui et de le confiner entre Alger et Rabat. Or, l'Algérie n'a pas cessé de répéter que c'est une question de décolonisation qui est une affaire qui concerne en premier chef le Conseil de sécurité de l'ONU. Ce que ne dit jamais le Maroc aussi, c'est qu'il n'a accepté de signer la Convention sur le tracé des frontières avec l'Algérie, que 10 ans après notre indépendance. Enfin, n'ayons pas la mémoire courte. Il ne faut pas oublier que c'est le Maroc qui, unilatéralement, a pris l'initiative de geler les activités de l'UMA par lettre adressée à ses homologues maghrébins, en décembre 1995, par son ministre des Affaires étrangères de l'époque. Par cette action irresponsable et disproportionnée, le Maroc prétendait répondre à une correspondance du MAE algérien au SG de l'ONU sur la question des électeurs éligibles au référendum d'autodétermination. Cela, non sans oublier que le Royaume est responsable des multiples reports des sommets de l'UMA. N'est-il pas temps que le voisin de l'Ouest admette qu'il a pris en otage le processus de l'intégration régionale? Par ses actions, il hypothèque le devenir des relations de bon voisinage et de fraternité avec l'Algérie en refusant obstinément de découpler la question des relations bilatérales et celle de l'intégration régionale avec la question du Sahara occidental. On ne parle pas de cette atteinte manifeste à la souveraineté d'un pays en arrachant, sous les caméras, l'emblème national d'un pays souverain, le jour de l'anniversaire de sa révolution. Une révolution qui a marqué l'humanité entière.