Le président du RCD « nettoie » son parti en se délestant d'éléments accusés d'entretenir de discrètes relations avec le cercle du pouvoir. Le RCD est entré, depuis le 28 octobre dernier, dans une phase qui risque de lui coûter cher en termes d'audience politique. Cependant, l'important pour son leader, Saïd Sadi, n'est pas moins l'audience déclinante de son parti, qu'un souci de l'intégrer dans une nouvelle logique, à même de lui conférer le poids nécessaire pour se placer en interlocuteur du pouvoir, qui le préoccupe en premier lieu. En effet, des sources généralement biens informées ont révélé à L'Expression que le complot visant à l'éliminer, rendu public par Sadi, entre dans le cadre d'une manoeuvre savamment mise en place par lui, dans le but d'intégrer le cercle de l'Internationale socialiste à laquelle il a fait une demande officielle pour une adhésion aux côtés du FFS. La démarche de Sadi a essuyé, sinon un refus de la part des dirigeants de l'IS, du moins une réaction froide qui reléguait la demande du RCD aux calendes grecques. Mise en veilleuse depuis, la demande d'adhésion a été reformulée, aux premières frictions survenues entre Sadi et Bouteflika, relèvent nos sources. Le président du RCD entendait profiter de l'occasion d'une difficulté du FFS au sein de l'IS pour avancer ses propres arguments, après qu'il eut officiellement proposé à Aït Ahmed une alliance au lendemain de l'éclatement des événements de Kabylie. Alliance du reste refusée par le FFS qui accuse le RCD d'être un «suppôt du pouvoir». La même accusation est d'ailleurs proférée par les autres membres de l'IS qui, sur insistance de Sadi, ont entrepris de lui proposer «un marché», qui consiste à se laver de l'étiquette d'allié du pouvoir. Le «deal» a été discuté, affirment nos sources, lors d'une visite de Sadi à Bruxelles effectuée il y a une vingtaine de jours. Le président du RCD s'est entretenu avec des responsables européens de l'IS. Sous le couvert de l'anonymat, un dirigeant socialiste français a confié à L'Expression, que «Sadi était venu négocier les termes de son adhésion à l'Internationale socialiste». Le responsable politique français affirme aussi que «les négociations ne datent pas d'hier. Sadi a déjà accompli beaucoup de chemin depuis le premier contact». Lequel chemin consiste en la purge de son parti d'éléments proches, de près ou de loin, du pouvoir, principale cible de l'IS, depuis son accession au pouvoir. C'est ainsi que Khalida Messaoudi, après qu'on lui eut notifié l'ordre de prendre ses distances vis-à-vis de Bouteflika, et devant son refus, est purement et simplement éjectée du parti. C'est une manière comme une autre de montrer patte blanche et affirmer son total désaccord avec le pouvoir. Il restait, pour convaincre l'opinion publique du divorce consommé entre Sadi et le pouvoir, de créer un incident sans précédent et d'accuser l'une des directions de l'ANP. Le complot ourdi contre la personne de Sadi est, à ce titre, une occasion rêvée pour prouver au monde et à l'Internationale socialiste surtout, tout le fossé qui sépare désormais le RCD du pouvoir en place. La deuxième partie du plan Sadi consiste, révèlent nos sources, en une adhésion à l'Internationale socialiste en tant que membre à part entière et remplacer de fait, le FFS qui, depuis les attentats du 11 septembre, est en froid avec les autres partis de l'IS. Ces derniers n'ont plus la même approche de l'islamisme. Mieux, la nouvelle orientation qui semble se dessiner dans le discours de l'Internationale socialiste tend à rejoindre l'analyse du RCD sur le péril intégriste. Aussi, le RCD qui a donné tous les gages nécessaires sur son opposition radicale au pouvoir, espère-t-il convaincre définitivement les membres de l'IS sur son adhésion dans leur club fermé et surtout très influent dans le monde occidental. L'objectif poursuivi par Sadi, affirment nos sources, est de profiter de la force politique de l'IS pour faire pression sur le pouvoir algérien aux fins de l'imposer comme interlocuteur, mais surtout de prendre en considération ses propositions de sortie de crise de l'Algérie, lors des discussions entre les autorités algériennes et européennes, comme cela a toujours été le cas pour Aït Ahmed.