La campagne électorale s'achève aujourd'hui, avec comme plateau royal le «finish» d'Alger. Trois candidats, Bouteflika, Benflis et Rebaïne partiront à l'assaut de l'électorat d'El-Bahdja qui représente pas moins de deux millions d'électeurs. Une Algérie en miniature reflétant toutes les spécificités, aussi bien politiques, culturelles que civilisationnelles. Un atout que les candidats mettront à profit au cours de «cette bataille d'Alger» qui s'annonce très rude au vu des préliminaires caractérisées, non seulement par des dépassements, dont les affichages anarchiques et les agressions perpétrées à l'encontre de certains candidats, mais surtout en raison de la symbolique de la capitale, siège du pouvoir central et théâtre traditionnel de toutes les contestations politiques et sociales. C'est ainsi que le président- candidat animera aujourd'hui un meeting populaire à la salle Harcha qui a accueilli, la veille, le candidat Saïd Sadi qui s'est frontalement attaqué à Bouteflika lui reprochant de «leurrer le peuple à travers des chiffres erronés». Bouteflika qui a mené une campagne «forte et propre», estime son staff, ne va sans doute pas laisser passer l'occasion de donner la réplique à celui qui le défie d'accepter une confrontation télévisée autour du bilan de son mandat. Précédé par un mégaconcert animé par les vedettes de la chanson chaâbie, le meeting de Bouteflika sera une occasion pour jauger son aura dans la première ville du pays, confrontée à un taux de chômage record et une précarité avancée du cadre et des conditions de vie de ses habitants, notamment après les inondations du 10 novembre 2001 et du séisme du 21 mai 2003. Même si le gouvernement s'enorgueillit d'avoir recasé les sinistrés dans les délais impartis, il n'en reste pas moins que les adversaires du président sortant, dont son principal rival Ali Benflis qui ne manquera pas de tirer son épingle du jeu, même si à l'époque des inondations de Bab El Oued il occupait le poste de chef de l'Exécutif, feront appel à tout leur «savoir dire» pour convaincre leur auditoire. Pour cet ultime face-à-face Bouteflika et Benflis qui, rappelons-le , avaient fait équipe en avril 1999, l'un briguant son premier mandat et l'autre directeur de campagne, se livreront cet après-midi un duel au sommet. En sus de l'ambiance qui devait entourer l'évènement, tant dans les espaces devant abriter les meetings que dans la rue ,puisque les comités de soutien investiront les artères principales de la capitale, le duel Bouteflika - Benflis sera un test décisif qui ne manquera pas d'avoir un impact décisif sur le comportement de l'électorat algerois le jour du scrutin. Conscients de l'importance de l'escale algéroise, les candidats vont conférer à leur discours une dimension nationale axée sur les dossiers «lourds», à savoir la crise en Kabylie, la réconciliation nationale, les orientations économiques...et la politique extérieure. «Pour que revienne l'espoir», le candidat Benflis sera l'hôte, aujourd'hui, de la localité de Bordj El Kiffan où il tiendra un meeting populaire au stade Bouazza. Une clôture en apothéose après une campagne électorale qui l'a mené dans pratiquement toutes les wilayas du pays et où, malgré quelques désagréments générés par des actes de violence à l'encontre de sa délégation, le candidat a eu droit à un accueil populaire chaleureux, notamment dans les wilayas de Constantine et de Batna. Même constat pour les autres candidats, qui ont réussi à drainer des foules compactes. Par ailleurs, connue pour être un fief islamiste, la capitale constitue un enjeu de taille pour les prétendants à la magistrature suprême, à l'image de Abdallah Djaballah l'unique candidat islamiste, qui avait appelé, lors de ses différentes sorties, les formations politiques et personnalités de cette mouvance à s'unir autour du «projet historique» d'instauration d'un Etat islamique. Chose pas évidente, sachant que la mouvance islamiste n'est plus ce bloc solidaire, d'autant plus que sa base fait l'objet, depuis la promulgation de la loi sur la concorde civile de convoitises tous azimuts. Par ailleurs, les clubs de football, les associations, les artistes...meilleurs moyens de mobilisation ont été durant toute la campagne électorale les «cibles» privilégiées des candidats qui ne manqueront pas de délivrer des discours à la carte. Après donc les prestations de Sadi, Hanoune et Djaballah, c'est au tour de Bouteflika, Benflis et Rebaïne de croiser le fer au terme d'une campagne électorale globalement correcte mais qui s'achève sur fond d'appréhension quant à la sincérité des garanties de transparence du prochain scrutin. Il est vrai que même si les états-majors sont éreintés par le rythme effréné de la campagne, la bataille ne fait que commencer.