Tenue depuis jeudi en marge du 18e Salon international du livre d'Alger (Sila), cette deuxième rencontre, organisée au salon depuis 2012, a réuni 26 universitaires de 11 pays. La diversité des représentations des réalités africaines dans les arts et les lettres révèle néanmoins un même questionnement sur l'avenir de ce continent, signe de la nécessité d'une plus grande collaboration entre les différents acteurs culturels, s'accordent à dire les participants au Colloque international «l'Afrique dans les littératures et les arts», clos vendredi dernier à Alger. Tenue depuis jeudi en marge du 18e Salon international du livre d'Alger (Sila), cette deuxième rencontre organisée au salon depuis 2012, a réuni 26 universitaires de 11 pays qui ont analysé la manière dont des artistes et des écrivains, d'Afrique et d'ailleurs ont nourri leur imaginaire à diverses époques de l'espace géographique, historique et social africain. Ces chercheurs ont également souligné, par l'évocation du patrimoine oral, linguistique et pictural de l'Afrique, la nécessité de préserver et de promouvoir en travaillant en commun, une richesse culturelle menacée par les effets de la mondialisation. Ainsi, des invités comme Christiane Chaulet-Achour (Algérie, France) et Eliane Elmaleh (France) ont évoqué la «blessure» de l'histoire qu'a été l'esclavage en analysant l'impact de cette mémoire et de ses conséquences sur des auteurs et des peintres, d'Afrique, d'Europe et d'Amérique. Dans une lecture du roman Saison de l'ombre de l'auteure camerounaise installée en France, Leonora Miano, Mme Chaulet-Achour a mis en évidence le choix particulier de cet écrivain d'évoquer la mémoire douloureuse de l'esclavage sans jamais le nommer directement, en s'attachant à raconter la vie de personnages évoluant dans le «monde disparu» d'avant l'arrivée des Européens. S'intéressant à l'art afro-américain, Eliane Elmaleh a, quant à elle, relevé la «dérision» et l'«ironie», utilisées par des peintres aux Etats-Unis qui subvertissent en les réutilisant dans leurs oeuvres, des «stéréotypes» racistes dans la représentation d'hommes et de femmes noirs diffusés dans ce pays depuis la traite des esclaves. D'autres chercheurs, à l'exemple de Jacqueline Jondot (France), se sont intéressés à des réalités plus actuelles comme l'émigration clandestine, vue par le prisme d'écrivains français et italiens dont les romans participent à redonner, par leurs aspirations humanistes, «une dignité»à ces migrants. La géographie du continent africain, particulièrement les espaces désertiques, et leur influence sur les littératures et les arts figuratifs, anciens et modernes, ont également été évoqués par des intervenants comme Ali Mohammed Borhana (Libye) ou encore Ahmed El Mouloud Idda El Hilal (Mauritanie). Aux côtés des analyses littéraires et artistiques, des intervenants ont choisi d'aborder la richesse des littératures orales et des langues africaines en proposant des réflexions sur les valeurs communes qu'elles véhiculent ou encore sur la manière de les sauvegarder face à «l'uniformisation» des cultures du fait d'une économie mondialisée. Dans cette optique, l'Egyptien Khalid Abouel-Leil a noté les similitudes dans des épopées populaires du Mali et des pays arabes, signe des échanges et des influences porteurs de «valeurs communes» entre ces peuples à travers les siècles. Cette réalité, mise en évidence par l'enseignant à l'Université du Caire, peut constituer une «base» pour l'écriture d'une histoire africaine, débarrassée de l'hégémonie de l'Occident, pense-t-il, à condition qu' «un véritable rapprochement» soit opéré entre les différents chercheurs. Cette nécessité de création «de réseaux entre les institutions culturelles africaines» pour garantir la sauvegarde des langues parlées en Afrique a également été invoquée par le chercheur congolais Julien Kilanga Musinde. Dans ce sens, les participants ont été unanimes à saluer la décision de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco) qui a donné son feu vert pour la création en Algérie, en janvier 2014, d'un Centre de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel africain, ainsi que l'a annoncé jeudi dernier le directeur du Centre national de recherches préhistoriques, anthropologique et historiques, organisateur du colloque.