En raison des 24 % d'indécis, un second tour n'est quand même pas exclu. La radio londonienne Assalam, qui a commandé un sondage à un important institut international au niveau des 48 wilayas du pays, a conclu à la victoire de Bouteflika. Reste à dire que dans l'état actuel des choses, il est difficile de préciser si le scrutin sera tranché ou pas lors du premier tour. Les résultats de cette étude statistique, qui donnent l'air d'être les plus sérieux jamais publiés, laissent planer une bonne part de doute à plusieurs niveaux d'analyse. Tout d'abord, il apparaît que nous allons peut-être vers un taux de participation appréciable, compte tenu de l'importance de ce scrutin, le premier où le nom du futur président n'est pas déterminé d'avance. Ainsi, 82,9 % des personnes interrogées se déclarent résolues à aller voter, avec un indice d'erreur de plus ou moins 5 %. Seuls 11,2 % prônent le boycott avec le même indice d'erreur. Les irrésolus, enfin, ne sont que de 5,8 %. Sur l'ensemble des personnes prêtes à aller voter, 75,9 % disent avoir déjà fixé leur choix avec une marge d'erreur de 6 %. Les quelques 24 % restant, auxquels il faudrait ajouter les 5,8 % d'irrésolus font planer assez d'incertitudes sur le restant des résultats de ce sondage. En effet, les 55,7 % d'électeurs désirant voter pour Bouteflika sont à prendre dans les 75,9 % dont le choix est déjà fixé. Très peu de personnes, en revanche, osent afficher leur option en faveur d'un candidat autre que Bouteflika, ce qui prouve que la peur, aussi injustifiée soit-elle, continue de hanter les esprits. L'ensemble de ces marges, si tant est que des concours de hasard assez nombreux puissent se faire jour, peuvent carrément produire un inversement de cette tendance. Entendre par là que même si Bouteflika demeure favori dans tous les cas de figure, les chances pour qu'un second tour advienne ne sont guère exclues suivant les chiffres contenus dans ce sondage et les lectures qui peuvent en être faites. Benflis, dont la position n'apparaît nulle part ici, accapare forcément la part du lion, aussi bien des marges d'erreur que de ceux qui refusent de divulguer leurs choix électoraux. Les conclusions rendues par l'institut lui-même mettent en avant les grandes incertitudes extraites de pareils résultats. Ceci étant, la transparence de ce scrutin ne semble pas faire de doute aux yeux de plus de la moitié des citoyens, en dépit du fantastique travail effectué par le fameux groupe des dix en vue de tirer la sonnette d'alarme sur la «fraude annoncée». Ainsi, pas moins de 68,6 % de citoyens pensent que le scrutin sera «libre et régulier», alors que seulement 20 % pensent le contraire. Mieux encore, 63,1 % d'entre eux estiment que cette présidentielle, quelle qu'en soit l'issue, parviendra à «régler la crise algérienne», ce qui n'est pas peu dire. Le bilan du président-candidat, dans ce débat, reste pour le moins mitigé. Un tiers des personnes pense que le niveau de vie s'est amélioré, un autre, qu'il a régressé et un troisième, enfin, qu'il a stagné. Une pareille appréciation prête à penser que ces différents taux, qui se neutralisent les uns les autres, reflètent l'idée que le mandat de Bouteflika aurait permis à des gens d'émerger alors qu'il semble avoir été catastrophique pour d'autres. Pour ce qui est de la gestion du budget des ménages, par contre, force est de constater que la détresse sociale semble avoir de bien beaux jours devant elle. Seuls 10 % de personnes, en effet, disent boucler leurs mois facilement alors que plus de la moitié, 51,5 % exactement, disent le faire avec une extrême difficulté. Le prochain mandat du prochain président, quel qu'il soit, devra obligatoirement se pencher sur les côtés social et économique qui deviennent des priorités absolues, d'autant que le règlement des crises politique et sécuritaire passe par une meilleure insertion sociale du citoyen et une répartition plus équitable des richesses du pays.