Les garanties d'impartialité de l'administration et de neutralité de l'institution militaire doivent être traduites dans les faits. L'Algérie se réveillera demain sur la troisième élection présidentielle pluraliste depuis l'indépendance. Un scrutin ouvert... sur toutes les incertitudes, en raison de l'atmosphère qui a régné tout au long de la campagne électorale. Même si, aussi bien les citoyens que les observateurs de la scène politique nationale sont unanimes à considérer qu'un deuxième tour est inévitable, il n'en reste pas moins que toute tentation d'aller à l'encontre de la volonté populaire exposera à nouveau le pays au chaos. Après une décennie de sang et de larmes, les Algériens ne veulent plus d'une autre période de transition qui ne ferait qu'accentuer la crise et plonger le pays dans les ténèbres des obscurantismes de tous bords. Les garanties d'impartialité de l'administration, de neutralité de l'institution militaire, doivent être traduites dans les faits. D'autant plus que l'ANP garante de la Constitution et de la stabilité du pays et dernier rempart de la République ne laissera pas hypothéquer l'avenir de la nation qui commence à se relever d'une longue période de convalescence. La montée au créneau de cinq candidats à l'élection présidentielle, notamment, Sadi, Djaballah, Louisa Hanoune, Ali Benflis et Ali Fawzi Rebaïne fait craindre le pire au vu des termes du communiqué commun rendu public, hier, et à travers lequel ils prennent à témoin l'opinion publique sur les retombées d'une confiscation de la volonté populaire. C'est surtout au moment où la population accorde un intérêt particulier à la prochaine consultation électorale, que l'on ne doit pas le décevoir. Si l'élection présidentielle d'avril 1999 a été qualifiée à l'époque, de «dernière fraude du siècle», le scrutin de cette année est celui de la dernière chance pour la démocratie, sous réserve que le verdict des urnes soit respecté, quels qu'en soient les résultats. Car, toute velléité de fraude électorale ne profitera ni au vaincu et encore moins à l'indu vainqueur qui serait responsable de tout éventuel dérapage dont il en serait la première cible et, par conséquent, ne pourra pas asseoir son pouvoir sur des bases solides. D'autant plus que l'Algérie a intérêt à consolider son édifice démocratique, sachant qu'elle fait l'objet de convoitises tous azimuts, à travers le fameux projet du «Grand Moyen- Orient» qui vise à mettre sur un pied d'égalité l'Algérie et des pays qui n'ont pas réalisé la moitié de son parcours démocratique et dont certains estiment que l'Algérie «ne constitue pas un modèle en matière d'ouverture démocratique». L'enjeu est donc de taille, pour laisser passer l'oppor-tunité de cette élection présidentielle. Les candidats à l'élection présidentielle, qui dans leurs discours de campagne, ont longuement développé la portée stratégique d'un «scrutin propre et honnête» doivent, sans exception, se plier à la volonté populaire en tout esprit sportif. Il est, par ailleurs, évident que le climat de compétition électorale saine ne recommande ni invective ni attaque personnelle entre les candidats qui doivent refléter la noblesse de la fonction présidentielle qu'ils convoitent. En outre, le peuple algérien qui a connu des décennies «multicolores» depuis 1962, mérite pour une fois une élection présidentielle à la hauteur de sa générosité et de son sens du sacrifice pour la préservation des valeurs démocratiques et républicaines. Cependant, l'obsession de la fraude ne doit pas prendre le pas sur la raison, car la surveillance des bureaux de vote grâce à la vigilance des électeurs et des représentants des candidats est un acte tout aussi patriotique.