Le poste de chef de service d'un CHU est un poste éminemment politique en Algérie, puisqu'il est nommé par décret ministériel. C'est un véritable séisme qui ébranlera les centres hospitalo-universitaires le 30 novembre prochain. Pas moins de 80 chefs de service, à l'échelle nationale, ayant atteint l'âge de la retraite depuis une quinzaine d'années seront mis à la retraite la semaine prochaine. Le concours à la chefferie est prévu pour les prochains mois. En fait, chaque année, la tutelle menace de les mettre à la retraite, mais cette échéance fut à chaque fois reportée. Le poste de chef de service d'un CHU est un poste éminemment politique en Algérie, puisqu'il est nommé par décret ministériel. Désormais, il ne le sera plus puisqu'il sera ouvert aux concours. «Il n'est pas normal qu'un chef de service attende l'âge de la retraite pour partir. Le concours de la chefferie doit être régulier pour rafraîchir la fonction afin d'apporter une valeur ajoutée à la formation universitaire des médecins», déclare un médecin en réaction de la nouvelle. C'est qui un chef de service dans un centre hospitalo-universitaire? En termes simples, il est plus important que le directeur du CHU lui-même puisqu'il jouit de plus de pouvoir. Il est d'abord, professeur, le plus haut titre universitaire, responsable de la formation des médecins spécialistes, de la recherche et des publications de ladite spécialité. C'est aussi lui qui est responsable de la gestion du service. Il faut admettre que des chefs de service intègres et honnêtes, sans parler de compétences puisqu'ils sont des sommités, activent encore dans nos CHU. Comme toute chose précieuse, ils sont de plus en plus rares. Le cas algérien est toujours un peu particulier. D'où il faut s'interroger sur le pourquoi de ces chefs de service qui s'accrochent à ce poste jusqu'à un âge très avancé? La réponse est plus ou moins choquante, compte tenu des témoignages que nous avons recueillis auprès de plusieurs médecins. «Il faut savoir que ceci n'est jamais un problème de relève. Cette dernière existe, souvent aigrie, finit par quitter les CHU», nous indique un professeur sous couvert de l'anonymat. Selon lui, «ces chefs de service s'accrochent à leurs postes pour tous ceux qu'encourage le système et décourage la science. La petite prime de chefferie, un semblant de chauffeur, les petits privilèges. La petite, mais grande à leurs yeux, prise en charge des labos à l'étranger. Revenir avec des techniques nouvelles importe peu!» ils reviennent avec quelques mesquins souvenirs de quelques mesquins voyages «touristiques» regrette notre interlocuteur. Bref, les chefs de service dans les hôpitaux universitaires s'y accrochent depuis plus de vingt ans, quitte à le quitter dans un fauteuil roulant, sacrifiant ainsi des générations de médecins plus frais par leur jeunesse, plus fougueux par leur compétence.